Journal en français facile 22 novembre 2018
Loïc Bussières : 21h à Paris, 1h de moins en temps universel. L'heure de votre Journal en français facile. C'est Zéphyrin Kouadio qui présente avec moi cette édition. Bonsoir Zéphyrin.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir.
LB : À la une : le dossier du Brexit qui empoisonne toujours Theresa May. La Première ministre britannique était devant les députés aujourd'hui pour défendre son accord de sortie de l'Union européenne. Les échanges ont été houleux. Vous l'entendrez.
ZK : Carlos Ghosn quitte la présidence de Nissan. Le conseil d'administration du constructeur japonais a tranché. Une décision qui n'entame pas son engagement envers son allié français Renault.
LB : Et puis nous reviendrons sur la passe d'armes entre Donald Trump et le président de la Cour Suprême qui rejette les accusations d'une justice US politisée.
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ZK : Direction Londres, tout d'abord où le dossier du Brexit occupe plus que jamais les esprits. En particulier celui de Theresa May.
LB : La Première Ministre qui s'exprimait aujourd'hui devant les députés pour défendre sa vision du divorce avec l'Union européenne. La veille, c'est à Bruxelles, avec Jean-Claude Juncker, qu'elle tentait de régler les derniers points de blocage. Un échange synonyme de « très bon progrès » selon l'exécutif européen. Autre ambiance, cet après-midi à la Chambre des Communes à Londres où Theresa May a passé un moment nettement plus mouvementé. Muriel Delcroix.
Oui la réaction des parlementaires a été tout aussi virulente que lors de la présentation de l'accord de retrait trouvé avec l'UE. Theresa May a eu beau répéter que ce texte assorti désormais d'une déclaration politique sur l'avenir de la relation entre Londres et les 27 était « un bon accord » pour le Royaume-Uni et qu'il respectait le vote des Britanniques lors du référendum, rien à faire, les députés sont très loin d'être convaincus. Et les uns après les autres dans un brouhaha ininterrompu ont rejeté avec véhémence et colère le texte que la Première ministre veut leur faire approuver. Quant à la déclaration politique sur la future relation : « 26 pages de baratin » s'est emporté Jeremy Corbyn et le chef de l'opposition Labour d'ajouter : « C'est le Brexit à l'aveuglette qu'on craignait tous, un saut dans l'inconnu… » Avant de conclure : « Mais qu'est-ce que le gouvernement a fabriqué ces deux dernières années ? » Dans le camp même du gouvernement, les pro-brexit les plus virulents, appuyés par les députés nord-irlandais du DUP ont tour à tour exigé que Theresa May jette aux orties le backstop, le filet de sécurité concernant la frontière irlandaise. Un député conservateur a même suggéré que cette déclaration politique très vague ressemblait en fait à une « lettre au père Noël ». Enfin de leur côté, les parlementaires de tout bord opposés au Brexit voient là la preuve d'un accord beaucoup moins favorable que promis et réclament plus que jamais l'organisation d'un second référendum…
ZK : Autre titre de ce journal. L'affaire Carlos Ghosn. Hier, le conseil d'administration de Renault avait officiellement maintenu son PDG dans ses fonctions tout en nommant une direction intérimaire. C'est une tout autre décision qu'a prise aujourd'hui le Japonais Nissan.
LB : Puisqu'il limoge purement et simplement Carlos Ghosn après 19 ans de présidence. Après surtout son arrestation au Japon, lundi. Carlos Ghosn, je le rappelle, est soupçonné de détournements de fonds et toujours en garde à vue. Bruno Faure.
Dans le secret du siège de Nissan, à Yokohama, 4 heures de discussions sur le cas Carlos Ghosn, un vote à main levée, et au final, l'unanimité pour tourner la page de l'emblématique capitaine d'industrie. Celui qui avait su sauver Nissan de la faillite. Le poste est désormais vacant. Un comité est maintenant chargé de proposer le nom d'un nouveau président. Dans son communiqué, Nissan évoque des actes graves confirmés, la fraude au fisc, l'utilisation à des fins personnelles d'investissements et de notes de frais. Mais du côté du parquet de Tokyo, qui n'a tenu une conférence de presse, aucun détail sur les causes de la détention de Carlos Ghosn, qui va rester dans une prison du nord de la capitale japonaise pour au moins 10 jours. Le procureur adjoint parle simplement de déclaration mensongère, l'une des fautes les plus graves pour une entreprise cotée. Rien de plus, alors que se multiplient les révélations dans la presse japonaise. De quoi nourrir, chez certains, la théorie du complot. En France, le patron des républicains Laurent Wauquiez évoque une volonté de déstabilisation des Japonais du groupe Renault-Nissan, soit pour le faire exploser, soit pour affaiblir Renault au sein de l'Alliance. D'où la réaction de l'Élysée, qui selon une source citée par l'agence Reuters, ne croit pas à une machination des dirigeants de Nissan. Le mariage franco-japonais a-t-il néanmoins du plomb dans l'aile ? Les ministres français et japonais de l'Économie, qui se sont rencontrés à Paris réaffirment le soutien de leurs gouvernements à l'alliance. Le souhait partagé de maintenir cette coopération gagnante.
ZK : L'actualité de ce jeudi, ce sont aussi ces sanctions prises par la France contre plusieurs ressortissants saoudiens.
LB : 18 personnes impliquées dans l'assassinat du journaliste et opposant Jamal Khashoggi, tué au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul le mois dernier. Elles se verront interdire l'accès au territoire national ainsi qu'à l'ensemble de l'espace Schengen. Des mesures similaires avaient déjà été prises par l'Allemagne et les États-Unis.
ZK : Au Yémen, la suite de la visite de l'émissaire de l'ONU, Martin Griffiths, est attendue demain au port d'Hodeïda.
LB : Hodeïda, point d'entrée de l'aide humanitaire et théâtre des combats entre la coalition menée par l'Arabie saoudite et les rebelles houthis. Martin Griffiths a rencontré aujourd'hui le chef rebelle houti. Objectif : obtenir une véritable accalmie avant les consultations de paix prévues début décembre en Suède.
ZK : 15h à Washington, et l'on en vient à cette passe d'armes totalement inhabituelle entre deux présidents : Donald Trump et John Roberts.
LB : Respectivement président des États-Unis et président de la Cour Suprême américaine. Au départ : une critique ouverte de Donald Trump contre une justice américaine qu'il estime politisée. Faux : les juges sont impartiaux, s'est senti obligé de répondre John Roberts. L'affaire aurait pu en rester là si le Président Trump n'avait poursuivi la polémique sur tweeter, pointant du doigt des juges pro-Obama. Visant ce que l'on appelle « la cour d'appel du 9e circuit ». Écoutez l'analyse de Corentin Sellin, spécialiste des États-Unis.
[Transcription manquante]
ZK : Cette histoire à présent qu'on croirait sortit d'un scénario de cinéma. Histoire pourtant dramatique : en Inde, un Américain tué alors qu'il cherchait à rentrer en contact avec une des populations les plus isolées du monde.
LB : Les faits se passent sur une île de l'océan Indien. Le visiteur s'était rendu sur place illégalement, et a été abattu à coup de flèches par les autochtones, appelées les Sentinelles. Une population très peu nombreuse et l'une des dernières à vivre totalement coupées de notre civilisation. Correspondance en Inde, Sébastien Farcis.
Le jeune américain serait un missionnaire chrétien qui aurait voulu essayer de convertir cette population tribale. Mais les Sentinelles ne lui ont même pas donné l'occasion d'ouvrir sa bible. Ils l'ont abattu avec leurs flèches dès son arrivée. Le même accueil qu'ils réservent à toute personne qui essaie d'approcher leur île de sentinelle nord, situé dans l'archipel indien des Andaman, entre l'Inde et la Thaïlande. Cette ethnie de chasseurs cueilleurs à la peau noire fascine les explorateurs : ils vivent ici depuis au moins 2000 ans, et certains ethnologues estiment qu'ils pourraient être parmi les derniers descendants non mélangés des homo sapiens arrivés d'Afrique, il y a environ 30 000 ans. Leur hostilité les a certainement protégés - car ils ne seraient aujourd'hui qu'une centaine à vivre sur cette île de 50 km2, et en cas de contact, ils pourraient être rapidement terrassés par des maladies contagieuses. Par chance pour eux, il n'y a aucun minerai précieux sur leur terre, et les autorités indiennes interdisent donc à quiconque de s'approcher d'eux. Ceux qui s'y aventurent, comme cet Américain, le font au péril de leur vie.
LB : En bref, en France, les gilets jaunes pourront bien manifester samedi à Paris. Le ministère de l'Intérieur autorise le rassemblement, mais le limite au seul champ de Mars : un lieu qui « offre les conditions de sécurité nécessaires », explique le ministère dans un communiqué. Une consigne qui pourrait ne pas être suivie, de nombreux « gilets jaunes » rejetant cette option.
En football, Didier Drogba raccroche les crampons. L'ancien international ivoirien confirme qu'il met un terme à sa carrière à 40 ans après avoir disputé une dernière saison sous le maillot de Phoenix en 2e division américaine. Avec 65 buts en 104 sélections, il est le meilleur buteur de l'histoire de la Côte d'Ivoire.
Eux répondront bien présents ce week-end pour affronter la Croatie en finale de la Coupe Davis -c'est du tennis. L'équipe de France alignera pour ses deux premiers matches, Jérémy Chardy et Jo-Wilfried Tsonga. Ils affronteront respectivement Borna Coric et Marin Cilic. Premières balles demain au Stade Pierre Mauroy Lille -recouvert pour l'occasion de terre battue.