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Les mots de l'actualité, GALÈRE   2010-02-17

GALÈRE 2010-02-17

« Ah la galère ! Quelle galère ! » Peu d'expressions familières ont eu autant de succès depuis quelques dizaines d'années. À tel point que le mot peut presque faire figure d'étendard d'une certaine « langue des jeunes », même si les jeunes qui les premiers ont popularisé l'expression ont maintenant quelques cheveux blancs. En effet, le mot apparaît dans son sens figuré dans les années 70 et se répand avec un incroyable succès dans les années 80. Ces dates sont assez significatives : c'est la fin des « trente glorieuses », et début d'une crise économique et sociale importante. La galère se profile.

La galère est donc un genre de synonyme d'ennui. Mais le mot a des usages incroyablement souples et divers. On a surtout commencé à se servir du mot comme d'une exclamation : quelle galère ! C'est-à-dire quelle malchance ! Quel ennui ! Quel désastre ! Avec souvent l'idée que le sort s'acharne sur vous, qu'on n'est pas responsable de ces tracas qui s'abattent sur vous : une panne, une mauvaise rencontre… Et même si ça débouche sur une catastrophe attendue, (parfois même méritée ?) on parle de galère pour se dédouaner et accuser un destin funeste. « D'abord je perds mes clés ! Ensuite une fuite d'eau ! Quelle galère ! La galère ! » En effet, dans la phrase exclamative, bien souvent, on utilise l'article : la galère aussi bien que quelle galère. Mais souvenons-nous que le mot s'utilise bien souvent comme attribut : c'est la galère. Et un pas suffit pour en faire un genre d'adjectif, même s'il appartient à un langage tout à fait familier : c'est galère, c'est-à-dire en gros, c'est pénible, ennuyeux, plein d'embûches. Est-ce vraiment un adjectif ? Pas exactement ! On n'imagine pas de l'utiliser comme épithète, de lui faire qualifier un nom. Une voiture qui marche mal n'est pas une voiture galère. Mais le mot fonctionne un peu comme un attribut auquel l'article n'est plus nécessaire ! On a donc vraiment l'exemple d'un mot qui change de forme constamment en fonction de l'utilisation qu'on en fait. Et il finit parfois par avoir le sens de problème : « je n'ai pas pu finir mon travail à temps, j'ai eu une galère d'ordinateur ! » Ce mot qui intègre le lexique des jeunes par le biais d'un argot scolaire qui a réussi, commence sa carrière figurée par un souvenir de classe : la galère c'est d'abord celle que Scapin a inventée dans la pièce de Molière qui met en valeur ses Fourberies. Ce valet ingénieux et canaille imagine un improbable scénario pour soutirer de l'argent Géronte, père avaricieux et autoritaire. Scapin prétend que son jeune maître a été enlevé par des Turcs qui l'avaient d'abord invité sous un prétexte mielleux sur le bateau – une galère – avant de lever l'ancre et de les emmener bien loin pour exiger une rançon. « Mais qu'allait-il donc faire dans cette galère ? ».

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/

GALÈRE   2010-02-17 GALÈRE 2010-02-17

« Ah la galère ! Quelle galère ! » Peu d'expressions familières ont eu autant de succès depuis quelques dizaines d'années. À tel point que le mot peut presque faire figure d'étendard d'une certaine « langue des jeunes », même si les jeunes qui les premiers ont popularisé l'expression ont maintenant quelques cheveux blancs. En effet, le mot apparaît dans son sens figuré dans les années 70 et se répand avec un incroyable succès dans les années 80. Ces dates sont assez significatives : c'est la fin des « trente glorieuses », et début d'une crise économique et sociale importante. La galère se profile.

La galère est donc un genre de synonyme d'ennui. Mais le mot a des usages incroyablement souples et divers. On a surtout commencé à se servir du mot comme d'une exclamation : quelle galère ! C'est-à-dire quelle malchance ! Quel ennui ! Quel désastre ! Avec souvent l'idée que le sort s'acharne sur vous, qu'on n'est pas responsable de ces tracas qui s'abattent sur vous : une panne, une mauvaise rencontre… Et même si ça débouche sur une catastrophe attendue, (parfois même méritée ?) on parle de galère pour se dédouaner et accuser un destin funeste. « D'abord je perds mes clés ! Ensuite une fuite d'eau ! Quelle galère ! La galère ! » En effet, dans la phrase exclamative, bien souvent, on utilise l'article : la galère aussi bien que quelle galère. Mais souvenons-nous que le mot s'utilise bien souvent comme attribut : c'est la galère. Et un pas suffit pour en faire un genre d'adjectif, même s'il appartient à un langage tout à fait familier : c'est galère, c'est-à-dire en gros, c'est pénible, ennuyeux, plein d'embûches. Est-ce vraiment un adjectif ? Pas exactement ! On n'imagine pas de l'utiliser comme épithète, de lui faire qualifier un nom. Une voiture qui marche mal n'est pas une voiture galère. Mais le mot fonctionne un peu comme un attribut auquel l'article n'est plus nécessaire ! On a donc vraiment l'exemple d'un mot qui change de forme constamment en fonction de l'utilisation qu'on en fait. Et il finit parfois par avoir le sens de problème : « je n'ai pas pu finir mon travail à temps, j'ai eu une galère d'ordinateur ! » Ce mot qui intègre le lexique des jeunes par le biais d'un argot scolaire qui a réussi, commence sa carrière figurée par un souvenir de classe : la galère c'est d'abord celle que Scapin a inventée dans la pièce de Molière qui met en valeur ses Fourberies. Ce valet ingénieux et canaille imagine un improbable scénario pour soutirer de l'argent Géronte, père avaricieux et autoritaire. Scapin prétend que son jeune maître a été enlevé par des Turcs qui l'avaient d'abord invité sous un prétexte mielleux sur le bateau – une galère – avant de lever l'ancre et de les emmener bien loin pour exiger une rançon. « Mais qu'allait-il donc faire dans cette galère ? ».

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/