Avoir le cafard
Avoir des idées noires, être déprimé.
Le mot cafard a quatre sens en français.
Le premier est oublié.
Au XVIe siècle, il désignait une personne non ou peu croyante qui faisait croire qu'elle l'était profondément. Un bigot, un faux dévot ou un fourbe, donc. Ce mot viendrait de l'arabe 'kafir' qui voulait dire 'mécréant, renégat'. Il désigne aussi une personne qui dénonce les autres (qui 'cafarde'), sens qui vient probablement du précédent, par allusion à la personne qui a un comportement hypocrite ou fourbe.
Ensuite, il y a ce sympathique petit insecte marron ou noir qui s'agite avec de nombreux congénères dans les recoins sans lumières.
Là encore, le nom vient peut-être du premier sens de cafard, par comparaison au bigot vêtu de sombre et qui fait les choses en cachette. Quant au cafard de notre expression, il semble que ce soit Charles Baudelaire qui l'ait introduit dans "Les Fleurs du Mal" en 1857.
Tout comme il a popularisé le mot anglais 'spleen' avec le même sens de tristesse, de mélancolie. Maurice Rat, qui n'avait pas dû bien lire Baudelaire, place l'origine de cette expression plus tard, entre 1875 et 1900 dans les troupes d'Afrique et plus particulièrement dans la Légion Étrangère.
Peut-être est-ce parce qu'elle a été répandue là-bas par un légionnaire poète qui lisait les Fleurs du Mâle ? A moins que cela ne vienne du fait que, quand il y en a, les cafards sont légion et qu'ils grouillent comme les idées noires le font dans la tête.