Comment parler français sans bloquer et atteindre ses rêves (interview Ouadih Dada) (1)
Salut chers amis ! Merci de me rejoindre.
Aujourd'hui, c'est un jour très particulier pour Français Authentique puisque je vais
avoir la chance de donner une interview avec Ouadih Dada.
Ouadih Dada, c'est avant tout un journaliste marocain.
J'avais fait une revue de son autobiographie "Dans l'œil du lion" sur la chaîne YouTube.
Ouadih est né et a grandi en France.
A l'âge de huit ans, il a commencé à nourrir le rêve de présenter le journal télévisé.
A 25 ans, il s'est installé à Casablanca pour y faire un stage pour la chaîne de télé
2M, très populaire au Maroc.
Et en l'espace de cinq mois, il est devenu présentateur du JT.
Il a présenté en tout 2000 JT et a continué au fur et à mesure ses activités journalistiques.
Il a commencé à écrire des ouvrages ; il a écrit quatre livres.
Il donne des conférences sur le fait d'atteindre ses objectifs et c'est vraiment un très,
trés grand honneur pour nous de l'avoir aujourd'hui.
Il est également coureur de marathon et il s'est fixé un objectif de courir 100 kilomètres
entre Casablanca et Rabat.
Je suis très heureux qu'il ait accepté de répondre à mes questions parce qu'il incarne
vraiment ce que j'essaye de faire ici au Maroc pour Français Authentique.
Il symbolise l'apprentissage du français, il symbolise le fait de croire en soi, il
symbolise le fait de parler avec éloquence et de parler à l'oral sans bloquer et vous
allez le voir au cours de cette interview, il a un certain nombre de conseils à donner
en ce qui concerne le fait d'atteindre ses rêves tout simplement.
Donc, nous allons parler avec lui d'apprentissage du français, nous parlerons du Maroc, je
vais l'interroger sur son nouveau livre "Les notions d'une nation", et je vais lui demander
d'en faire un petit peu la présentation parce que c'est un ouvrage qui permet d'en apprendre
un petit peu plus sur le Maroc et sa culture.
Donc, installez-vous confortablement, restez bien jusqu'au bout parce que Ouadih délivrera
un certain nombre de conseils tout au long de la vidéo et on vous retrouve tout de suite,
Ouadih et moi.
Alors, comme promis, je suis aujourd'hui avec Ouadih d'Adda.
Bonjour Ouadih.
Bonjour Johan.
Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.
Ouadih va apporter beaucoup de valeur à la chaîne Français Authentique aujourd'hui.
Comme je l'ai dit dans l'introduction Ouadih est conférencier – de base journaliste
initialement – mais conférencier, écrivain ; il travaille un petit peu dans le monde
associatif.
Marathonien aussi, j'ai vu récemment.
Et on va parler aujourd'hui de trois sujets majeurs.
On va parler dans un premier temps de l'apprentissage du français, dans un deuxième temps du Maroc.
Ouadih a écrit un livre qui s'appelle "Les notions d'une nation" qu'il va un petit peu
nous présenter aujourd'hui.
Et les membres de France Authentique le savent, je m'intéresse beaucoup au Maroc, à sa culture,
donc, pour moi, ça va être super intéressant.
Et on parlera un petit peu de développement personnel puisque c'est un sujet qui intéresse
beaucoup de monde sur la chaîne.
Ouadih, le problème numéro un des gens qui suivent mes vidéos, c'est qu'ils
ont un problème de blocage.
Ils comprennent le français, mais ils ont du mal à le parler.
Je me suis dit que pour une fois qu'on avait la chance d'avoir quelqu'un qui avait présenté
2000 JT, on pourrait avoir un conseil d'éloquence ou un conseil d'expression orale.
Qu'est-ce que tu conseillerais à quelqu'un qui a ce problème ?
La première chose, c'est qu'il ne faut pas avoir peur de s'exprimer, même si
on ne maîtrise pas parfaitement la langue parce que c'est en la pratiquant qu'on va
corriger les quelques imperfections que l'on peut avoir.
Et je pense que les gens, et notamment les Français, sont particulièrement sensibles,
attentifs et bienveillants vis-à-vis de quelqu'un qui s'exprime, qui fait l'effort de s'exprimer
dans leur langue pour faire l'effort à leur tour de l'écouter et puis, le cas échéant,
de corriger ce qui est à corriger.
Donc, faut vraiment pas avoir cette crainte.
C'est un conseil que j'ai donné à ma maman qui a appris à parler le français en France
quand elle est arrivée du Maroc et même quand on a commencé à être conscient de
ce processus d'apprentissage la concernant, quand on a commencé nous, en tant qu'enfants,
à aller à l'école, on lui disait : « Maman, vas-y, n'aie pas peur au marché ou au supermarché.
La caissière, elle, ne va pas se moquer de toi.
Et puis, quand bien même on serait face à des gens un petit peu bêtes qui se moqueraient,
il faut passer outre ». Exactement, ça me fait plaisir que
tu dises ça parce que c'est aussi une chose sur laquelle j'insiste beaucoup.
Les gens ont souvent peur de faire des erreurs alors que le meilleur conseil pour s'exprimer,
c'est tout simplement de pratiquer en fait.
Oui, de toute façon, on apprend de ses erreurs.
Et puis, la pratique d'une langue, il faut aussi surmonter les craintes ou la timidité
qu'on peut avoir à l'oral.
Et là, il n'y a pas de secret.
C'est un grand timide qui vous le dit.
Il faut à un moment se prendre par le col de la chemise et y aller.
Et c'est en pratiquant, en essayant d'aller au devant des autres.
Et ça, c'est vraiment quelque chose, c'est un effort qu'on doit fournir.
Que l'on soit dans le cadre d'une langue que l'on apprend ou dans sa propre langue, il
faut surmonter cet obstacle, cette peur du regard de l'autre pour aller au devant, l'affronter
et puis se sentir au fur et à mesure en pratiquant de plus en plus à l'aise lorsqu'il s'agit
de parler face à un interlocuteur ou face à plusieurs.
Donc, tu confirmes que le problème majeur des gens qui ont le problème d'expression
dans leur langue maternelle ou étrangère, c'est un problème d'émotions ?
Effectivement, c'est un problème d'émotion parce que quand on prend la parole,
on est comme au bord du précipice.
On a le sentiment d'être dans le vide, de devoir se jeter.
C'est comme quand on s'essaie (pour ceux qui l'ont fait) au saut à l'élastique.
On a beau savoir qu'on est attaché, qu'on ne risque rien, cette peur du vide, elle tétanise.
Dans la prise de parole, c'est un peu ce qui se produit.
C'est en sautant dans le vide, en étant sécurisé, qu'au final, on n'aura plus aucune, aucune
crainte d'être au bord de ce danger qui n'est pas un véritable danger a fortiori quand
il s'agit de prendre la parole ou de s'exprimer dans une langue étrangère pour soi telle
que le français.
Super ! Ouadih, tu as écrit des livres, il me semble que c'est ton quatrième, n'est-ce pas ?
C'est le quatrième, celui-ci.
Donc, tu as écrit quatre livres.
On me contacte régulièrement aussi pour me dire, pour me demander : « Johan, comment
est-ce que je peux m'exprimer plus clairement en français ? ». C'est une question qui
est valable pour sa langue maternelle ou pour une langue étrangère.
Quels seraient tes conseils pour réussir à faire passer des idées comme tu le fais ?
Tu as une manière d'écrire qui est assez concise et compréhensible.
C'est quoi tes conseils sur le sujet ? Il y a deux approches.
Il y a la première approche qui est l'approche orale.
La seconde, qui est l'approche écrite.
Pour ce qui est de l'oral, il y a avant tout un processus de préparation, c'est-à-dire
quand on voit quelqu'un s'exprimer aisément, on a le sentiment que tout cela lui vient
du ciel et que c'est un automatisme.
Non.
Même si vous avez affaire à des personnes qui ont l'habitude de faire des discours,
de s'exprimer, de prendre la parole, cette facilité qui apparaît comme ça au premier
abord, elle vient d'une maîtrise, d'une technique.
Mais la technique, elle, reste.
La méthode, elle est toujours là, même si elle n'est pas aussi poussée qu'elle le
serait pour quelqu'un qui débute, elle reste fondamentale pour pouvoir réussir son discours.
C'est comme quand tu regardes Zidane jouer au foot.
Voilà il s'entraîne malgré tout. Même un Zidane ou un Messi continue d'aller
à l'entraînement malgré tout le talent et toute la technicité qui est la leur.
C'est exactement ça.
Donc, à l'oral, il faut d'abord poser l'idée principale que l'on veut développer et ensuite
décliner les différentes sous-idées qui vont venir agrémenter l'idée principale.
Donc, en fait, il faut toujours avoir...
C'est comme quand on prend la route, pareil, il faut avoir un plan, un itinéraire que
l'on va suivre pour ne pas se perdre.
Pour le discours, c'est exactement la même chose.
Les trois points qui sont fondamentaux, c'est le début, le milieu et la fin.
On sait par quoi on commence, on sait par où on passe et on sait comment on termine.
Et souvent, on oublie le point final, c'est-à-dire comment on va terminer son discours et ça
va donner, si on ne l'a pas travaillé, une espèce de discours en queue de poisson qui
ne va pas impacter l'interlocuteur que vous allez avoir en face.
Pour ce qui est de l'écrit, c'est un peu la même approche, c'est un peu la même démarche
où là, on prend un peu plus le temps de poser sur le papier.
Moi, je suis partisan du fait de développer l'ensemble de ses idées, l'ensemble des points
que l'on veut exprimer, en vrac et puis ensuite de les structurer.
Oui tu fais une sorte de brainstorming ou de mindmap.
C'est un peu la mode actuellement, je dirais.
Voilà, pour soi-même, absolument et ensuite, on structure, on garde les idées
que l'on veut garder, on élimine celles que l'on veut enlever et ensuite, dans celles
que l'on a gardées, on essaye de les mettre dans un ordre précis pour ensuite développer
son raisonnement par rapport à une histoire que je veux raconter.
Moi, en général, je raconte les histoires sur dix chapitres, donc j'essaye d'identifier
les dix chapitres sur lesquels je vais m'attarder.
Et dans chaque chapitre, ensuite, je le traite en tant qu'entité unitaire avec les sous-chapitres,
et puis en allant de plus en plus finement dans le découpage.
Alors Ouadih, avant de parler développement personnel, j'ai prévu quelques questions
sur le sujet parce que je sais que c'est un thème que tu abordes souvent dans tes conférences.
J'aurais voulu qu'on parle un peu du Maroc et j'ai une question qui me trotte la tête
depuis quelques mois parce qu'elle est très souvent amenée par les membres marocains
de Français Authentique.
Que penses-tu de l'apprentissage du français au Maroc actuellement ? On parle de plus en
plus de la nécessité de parler anglais, on a apparemment, dans le système éducatif
marocain, un transfert vers le système Bachelor, le système anglo-saxon.
Est-ce que tu conseilles encore aux jeunes Marocains d'apprendre le français ?
Le français, il fait vraiment partie du quotidien des Marocains.
C'est vraiment notre deuxième langue, j'ai envie de dire.
Il y a l'arabe, il y a l'amazigh pour les régions où on a cette culture amazigh dans
le Souss, dans le Nord ou le hassani dans le sud du royaume, mais le français reste
essentiel au Maroc.
Je pense qu'on a un faux débat au niveau des langues au Maroc.
Ce débat ne s'est pas posé qu'avec l'anglais.
Il se pose aussi avec le français ou avec les autres langues.
On a tendance au Maroc dans ce débat autour des langues, à monter les langues les unes
contre les autres.
Ce qui est une aberration absolue dans un monde qui est globalisé, où plus on en sait,
mieux on se porte, mieux on se défend vis-à-vis de l'extérieur notamment.
Au contraire, plus on aura de culture, plus nos enfants et nous-mêmes citoyens marocains
aurons cette richesse et de richesse, plus et mieux on va se porter.
Donc, craindre pour le français vis-à-vis de l'anglais ou du mandarin, c'est comme craindre