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Cinq semaines en ballon de Jules Verne, CHAPITRE XXXVII

CHAPITRE XXXVII

La route de l'ouest.—Le réveil de Joe.—Son entêtement.—Fin de l'histoire de Joe.—Tagelel.—Inquiétudes de Kennedy.—Route au nord.—Une nuit prés d'Agbadès.

Le vent pendant la nuit se reposa de ses violences du jour, et le Victoria demeura paisiblement au sommet d'un grand sycomore ; le docteur et Kennedy veillèrent à tour de rôle, et Joe en profita pour dormir vigoureusement et tout d'un somme pendant vingt-quatre heures.

Voilà le remède qu il lui faut, dit Fergusson ; la nature se chargera de sa guérison.

» Au jour, le vent revint assez fort, mais capricieux ; il se jetait brusquement dans le nord et le sud, mais en dernier lieu, le Victoria fut entraîné vers ; l'ouest. Le docteur, la carte à la main, reconnut le royaume du Damerghou, terrain onduleux d'une grande fertilité, avec les huttes de ses villages faites de longs roseaux entremêlés des branchages de l'asclepia ; les meules de grains s'élevaient, dans les champs cultivés, sur de petits échafaudages destinés à les préserver de l'invasion des souris et des termites.

Bientôt on atteignit la ville de Zinder, reconnaissable à sa vaste place des exécutions ; au centre se dresse 1 arbre de mort ; le bourreau veille au pied, et quiconque passe sous son ombre est immédiatement pendu !

En consultant la boussole, Kennedy ne put s'empêcher de dire :

« Voilà que nous reprenons encore la route du nord !

—Qu'importe ?

Si elle nous mène à Tombouctou, nous ne nous en plaindrons pas ! Jamais plus beau voyage n'aura été accompli en de meilleures circonstances !...

—Ni en meilleure santé, riposta Joe, qui passait sa bonne figure toute réjouie à travers les rideaux de la tente.

—Voilà notre brave ami !

s'écria le chasseur, notre sauveur ! Comment cela va-t-il ?

—Mais très naturellement, Monsieur Kennedy, très naturellement !

Jamais je ne me suis si bien porté ! Rien qui vous rapproche un homme comme un petit voyage d'agrément précédé d'un bain dans le Tchad ! n'est-ce pas, mon maître ?

—Digne coeur !

répondit Fergusson en lui serrant la main. Que d'angoisses et d'inquiétudes tu nous a causées !

—Eh bien, et vous donc !

Croyez-vous que j'étais tranquille sur votre sort ? Vous pouvez vous vanter de m'avoir fait une fière peur !

—Nous ne nous entendrons jamais, Joe, si tu prends les choses de cette façon.

—Je vois que sa chute ne l'a pas changé, ajouta Kennedy.

—Ton dévouement a été sublime, mon garçon, et il nous a sauvés ; car le Victoria tombait dans le lac, et une fois là, personne n'eût pu l'en tirer.

—Mais si mon dévouement, comme il vous plaît d'appeler ma culbute, vous a sauvés, est-ce qu'il ne m'a pas sauvé aussi, puisque nous voilà tous les trois en bonne santé ?

Par conséquent, dans tout cela, nous n'avons rien à nous reprocher.

—On ne s'entendra jamais avec ce garçon-là, dit le chasseur.

—Le meilleur moyen de s'entendre, répliqua Joe, c'est de ne plus parler de cela.

Ce qui est fait est fait ! Bon ou mauvais, il n'y a pas à y revenir.

—Entêté !

fit le docteur en riant. Au moins tu voudras bien nous raconter ton histoire ?

—Si vous y tenez beaucoup !

Mais, auparavant, je vais mettre cette oie grasse en état de parfaite cuisson, car je vois que Dick n'a pas perdu son temps

—Comme tu dis, Joe.

—Eh bien !

nous allons voir comment ce gibier d'Afrique se comporte dans un estomac européen. » L'oie fut bientôt grillée à la flamme du chalumeau, et, peu après, dévorée. Joe en prit sa bonne part, comme un homme qui n'a pas mangé depuis plusieurs jours. Après le thé et les grogs, il mit ses compagnons au courant de ses aventures ; il parla avec une certaine émotion, tout en envisageant les événements avec sa philosophie habituelle Le docteur ne put s'empêcher de lui presser plusieurs fois la main, quand il vit ce digne serviteur plus préoccupé du salut de son maître que du sien ; à propos de la submersion de l'île des Biddiomahs, il lui expliqua la fréquence de ce phénomène sur le lac Tchad.

Enfin Joe, en poursuivant son récit, arriva au moment où, plongé dans le marais, il jeta un dernier cri de désespoir.

« Je me croyais perdu, mon maître, dit-il, et mes pensées s'adressaient à vous.

Je me mis à me débattre. Comment ? je ne vous le dirai pas ; j'étais bien décidé à ne pas me laisser engloutir sans discussion, quand, à deux pas de moi, je distingue, quoi ? un bout de corde fraîchement coupée ; je me permets de faire un dernier effort, et, tant bien que mal, j'arrive au câble ; je tire ; cela résiste ; je me hale, et finalement me voilà en terre ferme ! Au bout de la corde je trouve une ancre !... Ah ! mon maître ! j'ai bien le droit de l'appeler l'ancre du salut, si toutefois vous n'y voyez pas d'inconvénient. Je la reconnais ! une ancre du Victoria ! vous aviez pris terre en cet endroit ! Je suis la direction de la corde qui me donne votre direction, et, après de nouveaux efforts, je me tire de la fondrière. J'avais repris mes forces avec mon courage, et je marchai pendant une partie de la nuit, en m'éloignant du lac. J'arrivai enfin à la lisière d'une immense forêt. Là dans un enclos des chevaux paissaient sans songer à mal. Il y a des moments dans l'existence où tout le monde sait monter à cheval, n'est-il pas vrai ? Je ne perds pas une minute à réfléchir, je saute sur le dos de l'un de ces quadrupèdes, et nous voilà filant vers le nord à toute vitesse. Je ne vous parlerai point des villes que je n'ai pas vues, ni des villages que j'ai évités. Non. Je traverse les champs ensemencés, je franchis les halliers, j'escalade les palissades, je pousse ma bête, je l'excite, je l'enlève ! J'arrive à la limite des terres cultivées. Bon ! le désert ! cela me va ; je verrai mieux devant moi, et de plus loin. J'espérais toujours apercevoir le Victoria m'attendant en courant des bordées. Mais rien. Au bout de trois heures, je tombai comme un sot dans un campement d'Arabes ! Ah ! quelle chasse !... Voyez-vous, Monsieur Kennedy, un chasseur ne sait pas ce qu'est une chasse, s'il n'a été chassé lui-même ! Et cependant, s'il le peut, je lui donne le conseil de ne pas en essayer ! Mon cheval tombait de lassitude ; on me serre de prés ; je m'abats ; je saute en croupe d'un Arabe ! Je ne lui en voulais pas, et j'espère bien qu'il ne me garde pas rancune de l'avoir étranglé ! Mais je vous avais vus !.. et vous savez le reste. Le Victoria court sur mes traces, et vous me ramassez au vol, comme un cavalier fait d'une bague. N'avais-je pas raison de compter sur vous ? Eh bien ! Monsieur Samuel, vous voyez combien tout cela est simple. Rien de plus naturel au monde ! Je suis prêt à recommencer, si cela peut vous rendre service encore ! et, d'ailleurs, comme je vous le disais, mon maître, cela ne vaut pas la peine d'en parler.

—Mon brave Joe !

répondit le docteur avec émotion. Nous n'avions donc pas tort de nous fier à ton intelligence et à ton adresse !

—Bah !

Monsieur, il n'y a qu'à suivre les événements, et on se tire d'affaire ! Le plus sûr, voyez-vous, c'est encore d'accepter les choses comme elles se présentent. » Pendant cette histoire de Joe, le ballon avait rapidement franchi une longue étendue de pays. Kennedy fit bientôt remarquer à l'horizon un amas de cases qui se présentait avec l'apparence d'une ville. Le docteur consulta sa carte, et reconnut la bourgade de Tagelel dans le Damerghou.

« Nous retrouvons ici, dit-il, la route de Barth.

C'est là qu'il se sépara de ses deux compagnons Richardson et Overweg. Le premier devait suivre la route de Zinder, le second celle de Maradi, et vous vous rappelez que, de ces trois voyageurs, Barth est le seul qui revit l'Europe.

—Ainsi, dit le chasseur, en suivant sur la carte la direction du Victoria , nous remontons directement vers le nord ?

—Directement, mon cher Dick.

—Et cela ne t'inquiète pas un peu ?

—Pourquoi ?

—C'est que ce chemin-là nous mène à Tripoli et au-dessus du grand désert.

—Oh !

nous n'irons pas si loin, mon ami ; du moins, je l'espère.

—Mais où prétends-tu t'arrêter ?

—Voyons, Dick, ne serais-tu pas curieux de visiter Tembouctou.

—Tembouctou ?

—Sans doute, reprit Joe.

On ne peut pas se permettre de faire un voyage en Afrique sans visiter Tembouctou !

—Tu seras le cinquième ou sixième Européen qui aura vu cette ville mystérieuse !

—Va pour Tembouctou !

—Alors laisse-nous arriver entre le dix-septième et le dix-huitième degré de latitude, et là nous chercherons un vent favorable qui puisse nous chasser vers l'ouest.

—Bien, répondit le chasseur, mais avons-nous encore une longue route à parcourir dans le nord ?

—Cent cinquante milles au moins.

—Alors, répliqua Kennedy, je vais dormir un peu.

—Dormez, Monsieur, répondit Joe ; vous-même, mon maître, imitez M. Kennedy ; vous devez avoir besoin de repos, car je vous ai fait veiller d'une façon indiscrète.

» Le chasseur s'étendit sous la tente ; mais Fergusson, sur qui la fatigue avait peu de prise, demeura à son poste d'observation. Au bout de trois heures, le Victoria franchissait avec une extrême rapidité un terrain caillouteux, avec des rangées de hautes montagnes nues à base granitique ; certains pics isolés atteignaient même quatre mille pieds de hauteur ; les girafes, les antilopes, les autruches bondissaient avec une merveilleuse agilité au milieu des forêts d'acacias, de mimosas, de souahs et de dattiers ; après l'aridité du désert, la végétation reprenait son empire.

C'était le pays des Kailouas qui se voilent le visage au moyen d'une bande de coton, ainsi que leurs dangereux voisins les Touareg,.

A dix heures du soir, après une superbe traversée de deux cent cinquante milles, le Victoria s'arrêta au-dessus d'une ville importante ; la lune en laissait entrevoir une partie à demi ruinée ; quelques pointes de mosquées s'élançaient çà et là frappées d'un blanc rayon de lumière ; le docteur prit la hauteur des étoiles, et reconnut qu'il se trouvait sous la latitude d'Aghadés.

Cette ville, autrefois le centre d'un immense commerce, tombait déjà en ruines à l'époque où la visita le docteur Barth.

Le Victoria , n'étant pas aperçu dans l'ombre, prit terre à deux milles au-dessus d'Agbadès, dans un vaste champ de millet.

La nuit fut assez tranquille et disparut vers les cinq heures du matin, pendant qu'un vent léger sollicitait le ballon vers l'ouest, et même un peu au sud.

Fergusson s'empressa de saisir cette bonne fortune.

Il s'enleva rapidement et s'enfuit dans une longue traînée des rayons du soleil.

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CHAPITRE XXXVII |THIRTY-SEVEN CHAPTER XXXVII ROZDZIAŁ XXXVII

La route de l'ouest.—Le réveil de Joe.—Son entêtement.—Fin de l'histoire de Joe.—Tagelel.—Inquiétudes de Kennedy.—Route au nord.—Une nuit prés d'Agbadès. |||||||||stubbornness||||||Tagelel|||||||||| The road to the west. — Joe's awakening. — His stubbornness. — End of Joe's story. — Tagelel. — Kennedy's worries. — Road to the north. — One night near Agbadès.

Le vent pendant la nuit se reposa de ses violences du jour, et le  Victoria demeura paisiblement au sommet d'un grand sycomore ; le docteur et Kennedy veillèrent à tour de rôle, et Joe en profita pour dormir vigoureusement et tout d'un somme pendant vingt-quatre heures.

Voilà le remède qu il lui faut, dit Fergusson ; la nature se chargera de sa guérison. ||remedy||||||||||||| This is the remedy he needs, said Fergusson; nature will take care of his healing.

» Au jour, le vent revint assez fort, mais capricieux ; il se jetait brusquement dans le nord et le sud, mais en dernier lieu, le  Victoria fut entraîné vers ; l'ouest. Le docteur, la carte à la main, reconnut le royaume du Damerghou, terrain onduleux d'une grande fertilité, avec les huttes de ses villages faites de longs roseaux entremêlés des branchages de l'asclepia ; les meules de grains s'élevaient, dans les champs cultivés, sur de petits échafaudages destinés à les préserver de l'invasion des souris et des termites. |||||||recognized||||||undulating|||||||||||||reeds|intertwined||||the asclepia||mills|||||||||||scaffolds|||||||||||termites

Bientôt on atteignit la ville de Zinder, reconnaissable à sa vaste place des exécutions ; au centre se dresse 1 arbre de mort ; le bourreau veille au pied, et quiconque passe sous son ombre est immédiatement pendu ! ||||||Zinder||||||||||||||||executioner|||||anyone|||||||hung Soon they reached the town of Zinder, recognizable by its vast place of executions; in the center stands 1 death tree; the executioner watches over the feet, and whoever passes under his shadow is immediately hanged!

En consultant la boussole, Kennedy ne put s'empêcher de dire : Looking at the compass, Kennedy couldn't help but say:

« Voilà que nous reprenons encore la route du nord !

—Qu'importe ? "What does it matter?"

Si elle nous mène à Tombouctou, nous ne nous en plaindrons pas ! ||||||||||will complain| If it takes us to Timbuktu, we won't complain! Jamais plus beau voyage n'aura été accompli en de meilleures circonstances !... Never has a more beautiful trip been accomplished in better circumstances! ...

—Ni en meilleure santé, riposta Joe, qui passait sa bonne figure toute réjouie à travers les rideaux de la tente.

—Voilà notre brave ami !

s'écria le chasseur, notre sauveur ! Comment cela va-t-il ? How are you?

—Mais très naturellement, Monsieur Kennedy, très naturellement !

Jamais je ne me suis si bien porté ! I have never been so well! Rien qui vous rapproche un homme comme un petit voyage d'agrément précédé d'un bain dans le Tchad ! Nothing that brings you closer to a man like a little pleasure trip preceded by a bath in Chad! n'est-ce pas, mon maître ?

—Digne coeur ! “Worthy of heart!

répondit Fergusson en lui serrant la main. Que d'angoisses et d'inquiétudes tu nous a causées ! What anguish and worry you have caused us!

—Eh bien, et vous donc ! “Well, so are you!

Croyez-vous que j'étais tranquille sur votre sort ? Do you think I was calm about your fate? Vous pouvez vous vanter de m'avoir fait une fière peur ! |||boast|||||| You can boast of having made me proud!

—Nous ne nous entendrons jamais, Joe, si tu prends les choses de cette façon. “We will never get along, Joe, if you take it that way.

—Je vois que sa chute ne l'a pas changé, ajouta Kennedy. "I see that his fall hasn't changed him," added Kennedy.

—Ton dévouement a été sublime, mon garçon, et il nous a sauvés ; car le  Victoria tombait dans le lac, et une fois là, personne n'eût pu l'en tirer. |devotion|||||||||||||||||||||||||| “Your devotion was sublime, my boy, and he saved us; for the Victoria fell into the lake, and once there, no one could have drawn it.

—Mais si mon dévouement, comme il vous plaît d'appeler ma culbute, vous a sauvés, est-ce qu'il ne m'a pas sauvé aussi, puisque nous voilà tous les trois en bonne santé ? ||||||||||tumble|||||||||||||||||||| "But if my devotion, as you like to call my somersault, saved you, didn't he also save me, since the three of us are in good health?"

Par conséquent, dans tout cela, nous n'avons rien à nous reprocher. Therefore, in all of this, we have nothing to blame ourselves for.

—On ne s'entendra jamais avec ce garçon-là, dit le chasseur. "We will never get on with this boy," said the hunter.

—Le meilleur moyen de s'entendre, répliqua Joe, c'est de ne plus parler de cela. ||||get along||||||||| "The best way to get along," replied Joe, "is to stop talking about it."

Ce qui est fait est fait ! What is done is done ! Bon ou mauvais, il n'y a pas à y revenir. |||||||||return Good or bad, there is no going back to it.

—Entêté !

fit le docteur en riant. Au moins tu voudras bien nous raconter ton histoire ?

—Si vous y tenez beaucoup ! "If you care very much!"

Mais, auparavant, je vais mettre cette oie grasse en état de parfaite cuisson, car je vois que Dick n'a pas perdu son temps |before|||||goose|fat|||||cooking|||||||||| But first, I'm going to put this fatty goose in a state of perfect cooking, because I see that Dick has not wasted his time

—Comme tu dis, Joe.

—Eh bien !

nous allons voir comment ce gibier d'Afrique se comporte dans un estomac européen. |||||game||||||| we will see how this African game behaves in a European stomach. » L'oie fut bientôt grillée à la flamme du chalumeau, et, peu après, dévorée. The goose|||||||||||| The goose was soon grilled in the flame of the blowtorch, and, soon after, devoured. Joe en prit sa bonne part, comme un homme qui n'a pas mangé depuis plusieurs jours. Joe took his fair share, like a man who hasn't eaten for several days. Après le thé et les grogs, il mit ses compagnons au courant de ses aventures ; il parla avec une certaine émotion, tout en envisageant les événements avec sa philosophie habituelle Le docteur ne put s'empêcher de lui presser plusieurs fois la main, quand il vit ce digne serviteur plus préoccupé du salut de son maître que du sien ; à propos de la submersion de l'île des Biddiomahs, il lui expliqua la fréquence de ce phénomène sur le lac Tchad. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||his||||||||||||||||||||| After tea and the grogs, he informed his companions of his adventures; he spoke with a certain emotion, while contemplating the events with his usual philosophy. The doctor could not help pressing his hand several times, when he saw this worthy servant more preoccupied with the salvation of his master than with his own; about the submersion of the island of Biddiomahs, he explained to him the frequency of this phenomenon on Lake Chad.

Enfin Joe, en poursuivant son récit, arriva au moment où, plongé dans le marais, il jeta un dernier cri de désespoir. |||||||||||||swamp||||||| Finally Joe, continuing his story, arrived at the moment when, plunged into the swamp, he gave a last cry of despair.

« Je me croyais perdu, mon maître, dit-il, et mes pensées s'adressaient à vous. "I thought I was lost, my master," he said, "and my thoughts were with you.

Je me mis à me débattre. I began to struggle. Comment ? je ne vous le dirai pas ; j'étais bien décidé à ne pas me laisser engloutir sans discussion, quand, à deux pas de moi, je distingue, quoi ? I will not tell you; I was determined not to let myself be engulfed without discussion, when, close to me, I make out, what? un bout de corde fraîchement coupée ; je me permets de faire un dernier effort, et, tant bien que mal, j'arrive au câble ; je tire ; cela résiste ; je me hale, et finalement me voilà en terre ferme ! ||||||||||||||||||||||||||||pull||||||| a piece of freshly cut rope; I allow myself to make a last effort, and, somehow, I get to the cable; I shoot; it resists; I hale myself, and finally here I am on solid ground! Au bout de la corde je trouve une ancre !... Ah ! mon maître ! j'ai bien le droit de l'appeler l'ancre du salut, si toutefois vous n'y voyez pas d'inconvénient. |||||||||||||||of inconvenience I have every right to call it the anchor of salvation, if you don't mind. Je la reconnais ! I recognize it! une ancre du  Victoria ! vous aviez pris terre en cet endroit ! you had landed in this place! Je suis la direction de la corde qui me donne votre direction, et, après de nouveaux efforts, je me tire de la fondrière. ||||||||||||||||||||||mud pit I am the direction of the rope that gives me your direction, and, after new efforts, I get out of the quagmire. J'avais repris mes forces avec mon courage, et je marchai pendant une partie de la nuit, en m'éloignant du lac. I had regained my strength with my courage, and I walked for part of the night, moving away from the lake. J'arrivai enfin à la lisière d'une immense forêt. ||||border||| Là dans un enclos des chevaux paissaient sans songer à mal. ||||||were grazing|||| There in a paddock horses were grazing without thinking of evil. Il y a des moments dans l'existence où tout le monde sait monter à cheval, n'est-il pas vrai ? There are moments in existence when everyone knows how to ride a horse, isn't it true? Je ne perds pas une minute à réfléchir, je saute sur le dos de l'un de ces quadrupèdes, et nous voilà filant vers le nord à toute vitesse. I don't waste a minute thinking, I jump on the back of one of these quadrupeds, and here we are running north at full speed. Je ne vous parlerai point des villes que je n'ai pas vues, ni des villages que j'ai évités. I will not speak to you of the cities that I have not seen, nor of the villages that I have avoided. Non. No. Je traverse les champs ensemencés, je franchis les halliers, j'escalade les palissades, je pousse ma bête, je l'excite, je l'enlève ! ||||seeded||cross||thickets|||fences|||||||| I cross the seeded fields, I cross the hallways, I climb the palisades, I push my animal, I excite it, I remove it! J'arrive à la limite des terres cultivées. I reach the limit of cultivated land. Bon ! Well ! le désert ! the desert ! cela me va ; je verrai mieux devant moi, et de plus loin. it looks fine to me ; I will see better in front of me, and from further away. J'espérais toujours apercevoir le  Victoria m'attendant en courant des bordées. I was still hoping to catch a glimpse of the Victoria waiting for me while running the broadside. Mais rien. Au bout de trois heures, je tombai comme un sot dans un campement d'Arabes ! |||||||||fool|||| At the end of three hours, I fell like a fool into an Arab camp! Ah ! quelle chasse !... Voyez-vous, Monsieur Kennedy, un chasseur ne sait pas ce qu'est une chasse, s'il n'a été chassé lui-même ! Et cependant, s'il le peut, je lui donne le conseil de ne pas en essayer ! You see, Mr. Kennedy, a hunter does not know what a hunt is if he has not been hunted himself! Mon cheval tombait de lassitude ; on me serre de prés ; je m'abats ; je saute en croupe d'un Arabe ! |||||||||||falls||||croup|| And yet, if he can, I advise him not to try it! Je ne lui en voulais pas, et j'espère bien qu'il ne me garde pas rancune de l'avoir étranglé ! ||||||||||||||grudge||| My horse was falling from weariness; I am closely squeezed; I fall; I jump from the back of an Arab! Mais je vous avais vus !.. I didn't hold it against him, and I hope he doesn't hold a grudge at me for strangling him! et vous savez le reste. But I had seen you! .. Le  Victoria court sur mes traces, et vous me ramassez au vol, comme un cavalier fait d'une bague. and you know the rest. N'avais-je pas raison de compter sur vous ? The Victoria runs in my footsteps, and you pick me up in flight, like a knight made of a ring. Eh bien ! Monsieur Samuel, vous voyez combien tout cela est simple. Wasn't I right to count on you? Rien de plus naturel au monde ! Je suis prêt à recommencer, si cela peut vous rendre service encore ! Mr. Samuel, you see how simple it is. et, d'ailleurs, comme je vous le disais, mon maître, cela ne vaut pas la peine d'en parler.

—Mon brave Joe ! I'm ready to start again, if it can still do you a favor!

répondit le docteur avec émotion. and besides, as I told you, my master, it is not worth talking about. Nous n'avions donc pas tort de nous fier à ton intelligence et à ton adresse !

—Bah ! replied the doctor with emotion.

Monsieur, il n'y a qu'à suivre les événements, et on se tire d'affaire ! So we were not wrong to trust your intelligence and your skill! Le plus sûr, voyez-vous, c'est encore d'accepter les choses comme elles se présentent. » Pendant cette histoire de Joe, le ballon avait rapidement franchi une longue étendue de pays. Sir, just follow the events, and we get out of the way! Kennedy fit bientôt remarquer à l'horizon un amas de cases qui se présentait avec l'apparence d'une ville. |||||||cluster||cases||||||| Le docteur consulta sa carte, et reconnut la bourgade de Tagelel dans le Damerghou. ||||||||small town|||||

« Nous retrouvons ici, dit-il, la route de Barth. Kennedy soon pointed out on the horizon a heap of huts which appeared with the appearance of a city.

C'est là qu'il se sépara de ses deux compagnons Richardson et Overweg. The doctor consulted his card, and recognized the village of Tagelel in Damerghou. Le premier devait suivre la route de Zinder, le second celle de Maradi, et vous vous rappelez que, de ces trois voyageurs, Barth est le seul qui revit l'Europe. "Here we find," he said, "the road to Barth.

—Ainsi, dit le chasseur, en suivant sur la carte la direction du  Victoria , nous remontons directement vers le nord ? It was there that he separated from his two companions Richardson and Overweg.

—Directement, mon cher Dick. The first was to follow the road to Zinder, the second to Maradi, and you remember that, of these three travelers, Barth is the only one who relives Europe.

—Et cela ne t'inquiète pas un peu ? "So," said the hunter, "following the direction of the Victoria on the map, are we going straight up north?"

—Pourquoi ?

—C'est que ce chemin-là nous mène à Tripoli et au-dessus du grand désert. "And don't you worry a little?"

—Oh !

nous n'irons pas si loin, mon ami ; du moins, je l'espère.

—Mais où prétends-tu t'arrêter ?

—Voyons, Dick, ne serais-tu pas curieux de visiter Tembouctou. we will not go so far, my friend; at least, I hope so.

—Tembouctou ? "But where do you pretend to stop?"

—Sans doute, reprit Joe. “Come on, Dick, wouldn't you be curious to visit Tembouctou.

On ne peut pas se permettre de faire un voyage en Afrique sans visiter Tembouctou !

—Tu seras le cinquième ou sixième Européen qui aura vu cette ville mystérieuse !

—Va pour Tembouctou !

—Alors laisse-nous arriver entre le dix-septième et le dix-huitième degré de latitude, et là nous chercherons un vent favorable qui puisse nous chasser vers l'ouest.

—Bien, répondit le chasseur, mais avons-nous encore une longue route à parcourir dans le nord ?

—Cent cinquante milles au moins.

—Alors, répliqua Kennedy, je vais dormir un peu.

—Dormez, Monsieur, répondit Joe ; vous-même, mon maître, imitez M. Kennedy ; vous devez avoir besoin de repos, car je vous ai fait veiller d'une façon indiscrète.

» Le chasseur s'étendit sous la tente ; mais Fergusson, sur qui la fatigue avait peu de prise, demeura à son poste d'observation. Au bout de trois heures, le  Victoria franchissait avec une extrême rapidité un terrain caillouteux, avec des rangées de hautes montagnes nues à base granitique ; certains pics isolés atteignaient même quatre mille pieds de hauteur ; les girafes, les antilopes, les autruches bondissaient avec une merveilleuse agilité au milieu des forêts d'acacias, de mimosas, de souahs et de dattiers ; après l'aridité du désert, la végétation reprenait son empire. |||||||crossed|||||||rocky||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||saw palmettos|||date palms||||||||| "Sleep, sir," replied Joe; you, my master, imitate Mr. Kennedy; you must be in need of rest, because I made you watch in an indiscreet manner.

C'était le pays des Kailouas qui se voilent le visage au moyen d'une bande de coton, ainsi que leurs dangereux voisins les Touareg,. |||||||veil||||||||||||||| The hunter stretched out under the tent; but Fergusson, on whom fatigue had little control, remained at his observation post.

A dix heures du soir, après une superbe traversée de deux cent cinquante milles, le  Victoria s'arrêta au-dessus d'une ville importante ; la lune en laissait entrevoir une partie à demi ruinée ; quelques pointes de mosquées s'élançaient çà et là frappées d'un blanc rayon de lumière ; le docteur prit la hauteur des étoiles, et reconnut qu'il se trouvait sous la latitude d'Aghadés. At the end of three hours, the Victoria crossed with extreme speed a stony ground, with rows of high bare mountains with a granite base; some isolated peaks even reached four thousand feet in height; giraffes, antelopes, ostriches leaped with marvelous agility amidst the forests of acacias, mimosas, souahs and date palms; after the aridity of the desert, the vegetation resumed its empire.

Cette ville, autrefois le centre d'un immense commerce, tombait déjà en ruines à l'époque où la visita le docteur Barth. It was the country of the Kailouas who veil their faces with a cotton band, as did their dangerous neighbors, the Tuareg.

Le  Victoria , n'étant pas aperçu dans l'ombre, prit terre à deux milles au-dessus d'Agbadès, dans un vaste champ de millet. At ten o'clock in the evening, after a superb crossing of two hundred and fifty miles, the Victoria stopped over an important town; the moon suggested a half-ruined part of it; a few points of mosques sprang here and there struck with a white ray of light; the doctor took the height of the stars, and recognized that he was under the latitude of Aghadés.

La nuit fut assez tranquille et disparut vers les cinq heures du matin, pendant qu'un vent léger sollicitait le ballon vers l'ouest, et même un peu au sud. |||||||||||||||||solicited||||||||||

Fergusson s'empressa de saisir cette bonne fortune. |hastened|||||

Il s'enleva rapidement et s'enfuit dans une longue traînée des rayons du soleil.