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Les mots de l'actualité (2009), AGRICULTEUR   2009-02-24

AGRICULTEUR 2009-02-24

Comme à la fin de chaque hiver, le Salon de l'agriculture a ouvert ses portes à Paris. Est-ce un paradoxe de voir l'agriculture à Paris ? Pas vraiment, mais c'est la ville – et même la grande – qui se fait vitrine de la campagne, c'est la capitale qui se fait miroir de l'agriculture, écrin de ce qu'elle a de mieux à montrer. Et il est intéressant de voir comment on nomme ceux qui s'occupent d'agriculture. La réponse vient spontanément : ce sont les agriculteurs. C'est le terme fréquent et neutre qui désigne tout ceux qui vivent du travail de la terre, et qui la travaillent eux-mêmes. Car le mot « agriculteur » dit bien ce qu'il veut dire. Il s'agit de celui qui cultive l' ager , c'est-à-dire le champ, en latin. Alors, ce travail est parfois un peu moins dur qu'il ne l'a été, même s'il reste fatigant. On utilise souvent des moyens mécaniques pour cultiver la terre, mais on la cultive soi-même si l'on est agriculteur. Un propriétaire terrien n'est pas un agriculteur. Le terme, assez contemporain – même s'il témoigne d'un genre de féodalité encore tout à fait en vigueur de nos jours – désigne celui qui possède la terre, mais qui la fait cultiver par d'autres et qui empoche la grande majorité des bénéfices. L'expression fait référence à des terres étendues. On imagine mal un propriétaire terrien qui ne possède que quelques lopins.

En revanche, si l'on parle d'agriculteur, on ne préjuge nullement de ce qu'il possède et cultive. Le mot n'indique pas non plus implicitement, en sous-entendu, que l'agriculteur est très riche ou très pauvre, contrairement au propriétaire terrien, qu'on voit toujours comme un genre d'aristocrate à l'abri du besoin. Le mot « cultivateur », lui, n'est plus vraiment en usage. Il existe encore, mais ne fait pas référence à un métier, à une position sociale.

Quant au mot « paysan », il a une longue histoire et il est encore bien vivant. Est-il mal vu aujourd'hui ? Oui et non, mais il a longtemps et souvent été associé à un travail pénible, peu rémunérateur, et donc fréquemment regardé de haut par ceux qui le trouvaient trop modeste.

On peut même être presque sûr que des mots comme « agriculteurs » sont venus le remplacer, car on pensait qu'ils étaient plus respectables. On était moins dans le concret, moins près de la terre peut-être. Cela faisait plus moderne. Et cela correspond à un métier, et même à une catégorie socioprofessionnelle. On peut être agriculteur comme on est instituteur, maçon ou directeur commercial. C'est un métier, et presque une fonction, alors qu'être paysan, c'était une pratique, une activité, mais pas une carrière. Toujours est-il qu'aujourd'hui, il y a, Dieu merci, des gens qui sont fiers d'être paysans ! Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


AGRICULTEUR   2009-02-24 FARMER 2009-02-24

Comme à la fin de chaque hiver, le Salon de l'agriculture a ouvert ses portes à Paris. Est-ce un paradoxe de voir l'agriculture à Paris ? Pas vraiment, mais c'est la ville – et même la grande – qui se fait vitrine de la campagne, c'est la capitale qui se fait miroir de l'agriculture, écrin de ce qu'elle a de mieux à montrer. Et il est intéressant de voir comment on nomme ceux qui s'occupent d'agriculture. La réponse vient spontanément : ce sont les agriculteurs. C'est le terme fréquent et neutre qui désigne tout ceux qui vivent du travail de la terre, et qui la travaillent eux-mêmes. Car le mot « agriculteur » dit bien ce qu'il veut dire. Il s'agit de celui qui cultive l' ager , c'est-à-dire le champ, en latin. Alors, ce travail est parfois un peu moins dur qu'il ne l'a été, même s'il reste fatigant. On utilise souvent des moyens mécaniques pour cultiver la terre, mais on la cultive soi-même si l'on est agriculteur. Un propriétaire terrien n'est pas un agriculteur. Le terme, assez contemporain – même s'il témoigne d'un genre de féodalité encore tout à fait en vigueur de nos jours – désigne celui qui possède la terre, mais qui la fait cultiver par d'autres et qui empoche la grande majorité des bénéfices. L'expression fait référence à des terres étendues. On imagine mal un propriétaire terrien qui ne possède que quelques lopins.

En revanche, si l'on parle d'agriculteur, on ne préjuge nullement de ce qu'il possède et cultive. Le mot n'indique pas non plus implicitement, en sous-entendu, que l'agriculteur est très riche ou très pauvre, contrairement au propriétaire terrien, qu'on voit toujours comme un genre d'aristocrate à l'abri du besoin. Le mot « cultivateur », lui, n'est plus vraiment en usage. Il existe encore, mais ne fait pas référence à un métier, à une position sociale.

Quant au mot « paysan », il a une longue histoire et il est encore bien vivant. Est-il mal vu aujourd'hui ? Oui et non, mais il a longtemps et souvent été associé à un travail pénible, peu rémunérateur, et donc fréquemment regardé de haut par ceux qui le trouvaient trop modeste.

On peut même être presque sûr que des mots comme « agriculteurs » sont venus le remplacer, car on pensait qu'ils étaient plus respectables. On était moins dans le concret, moins près de la terre peut-être. Cela faisait plus moderne. Et cela correspond à un métier, et même à une catégorie socioprofessionnelle. On peut être agriculteur comme on est instituteur, maçon ou directeur commercial. C'est un métier, et presque une fonction, alors qu'être paysan, c'était une pratique, une activité, mais pas une carrière. Toujours est-il qu'aujourd'hui, il y a, Dieu merci, des gens qui sont fiers d'être paysans ! Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/