AMBASSADEUR 2009-05-08
On assiste actuellement à un rapprochement, à un réchauffement, comme on le dit parfois en termes diplomatiques, entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, deux pays qui étaient en froid depuis des années.
Un indice de ce rapprochement ? Les deux pays, Kigali et Kinshasa – puisqu'il est d'usage de désigner les pouvoirs de ces deux pays par leurs capitales – sont d'accord pour nommer des ambassadeurs qui les représenteront chacun chez l'autre. Ce qui fait qu'on peut se demander, non seulement quel est le rôle exact d'un ambassadeur, mais aussi d'où vient ce mot si fréquent ? Déjà, on peut se rendre compte que la racine du terme est très partagée dans de nombreuses langues européennes, surtout dans des langues romanes (espagnol et italien, par exemple). Mais on trouve aussi l'anglais embassy , qui a emprunté ce mot au français « ambassade », qui lui-même le tenait du provençal, qui l'avait fait dériver du latin tardif. Tout cela est bien banal. Mais l'histoire du mot va plus loin, puisqu'il semble que le latin avait emprunté le mot au gaulois. En tout cas, il a une vieille histoire.
La signification première du mot combine deux idées. Un ambassadeur remplace quelqu'un d'autre, mais ce n'est pas un simple substitut, ni un simple lieutenant – au sens premier du terme, celui qui tient lieu, qui remplace quelqu'un d'autre. On a aussi l'idée que l'ambassadeur est envoyé en mission pour représenter au loin celui qui reste chez lui. Plusieurs conséquences sont à tirer de ce croisement de sens. Si l'ambassadeur remplace quelqu'un qui ne bouge pas, c'est souvent qu'il remplace quelqu'un de très haut placé, de très important. L'ambassadeur, encore aujourd'hui, est celui qui incarne le pouvoir, car il remplace celui qui l'exerce – roi ou chef d'État, quel que soit son rôle. Il aura donc souvent affaire à la plus haute autorité de l'endroit où il est envoyé. Il a une fonction importante, et il se trouve face à un protocole. Et souvent, on envoie l'ambassadeur là où il y une négociation importante à assurer. « Envoyer quelqu'un en ambassade » est une expression ancienne, qui a plutôt le sens d'envoyer quelqu'un en premier pour tâter le terrain, pour débrouiller l'affaire. Ensuite, on verra si on y va personnellement. Le sens était beaucoup plus figuré et personnel que le sens politique que l'on peut donner à cette expression aujourd'hui. Souvent, d'ailleurs, le mot était employé dans les relations amoureuses ou les stratégies matrimoniales. Est-ce que cette jeune fille voudrait bien de moi (elle ou son père, d'ailleurs) ? Plutôt que d'essuyer un refus, je vais envoyer mon meilleur ami, qui va tenter de se renseigner, et on verra bien comment ça se passe. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/