GRIPPE 2009-04-27
La grippe fait peur à nouveau. Laquelle ? La grippe porcine, après la grippe aviaire d'il y a quelques mois, qui se fait oublier en ce moment, tout au moins dans les médias. En fait, la grippe est une maladie peu connue du public, et le mot est souvent utilisé de façon totalement non médicale pour désigner, de façon très générale, une petite maladie passagère et bénigne qu'on se représente un peu comme un gros rhume, un peu de fièvre sur une rhino-pharyngite. On entend couramment dire : « Je ne suis pas en forme en ce moment, mal fichu, un peu grippé ». Et c'est peut-être cette opinion qui fait qu'on se pose des questions sur les grippes qui nous menacent actuellement. Ça a été le cas pour la grippe aviaire. Pour la porcine, ça le sera peut-être de nouveau. On sait que le risque peut être grave, et que si la maladie se répand, elle peut faire des ravages. On a peur parfois que le mot de grippe soit inopportun, car senti comme trop bénin. Et on entend même dire : on nous cache des choses, cette maladie est une peste porcine, on ne nous parle de grippe que pour nous rassurer.
Alors qu'en fait, la grippe, c'est sérieux et relativement rare pour l'instant. C'est une maladie virale, dont le virus change d'une année sur l'autre, et éventuellement d'un pays à l'autre. Il en existe des variantes très graves. On peut penser à l'épidémie de grippe espagnole qui a ravagé l'Europe de l'Ouest en 1918-1919, et frappé très durement une population épuisée par la guerre de 1914-1918. Quarante millions de morts, dit-on ! L'une des pires épidémies de l'histoire de l'humanité. Alors gare à la grippe !
Mais rien de tout cela ne nous dit d'où vient ce mot de « grippe ». Il vient du vieux verbe « gripper », de la même famille que « griffe » et « griffer ». Le mot « gripper » n'est presque plus en usage en français moderne. On dit juste qu'une machine ou un mécanisme se grippent quand ils se coincent, quand un système d'engrenage est entravé, par exemple. Mais il nous reste le verbe « agripper », qui permet de nous faire une idée. « Gripper », c'était empoigner, saisir. Et on employait en particulier le mot à propos d'une maladie qui saisissait brusquement le malade. De là la dérive de sens.
Mais « grippe » a eu bien d'autres significations. La grippe a commencé par avoir sensiblement le même sens que la griffe, le croc. Puis le mot a signifié querelle. Et ensuite au XVIIe siècle, un homme de grippe était un personnage lunatique, susceptible de changer d'humeur de façon très soudaine. Mais aujourd'hui, le mot n'existe plus dans ce sens. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/