LIMOGER 2009-07-25
Le vice-président de la République d'Iran vient d'être limogé. La phrase est facile à comprendre. Cela signifie qu'il a été remercié, congédié, renvoyé. On a mis fin à ses fonctions, et c'est l'ayatollah Khamenei qui a pris cette décision. Mais est-ce qu'on peut limoger n'importe qui ? Pas du tout ! Si on limoge quelqu'un, c'est que c'est une personnalité importante, qui a des fonctions importantes, des fonctions politiques au plus haut niveau de l'État. Le directeur d'une société ne va pas limoger son directeur-adjoint, et encore moins ses employés subalternes. Si on emploie le mot dans ce cas-là, c'est pour rire. Mais quand on parle politique, on peut dire que quelqu'un est limogé s'il est démis de ses fonctions brutalement, et par une simple décision. Il ne s'agit pas d'un procès ou du résultat d'une enquête, ce n'est pas une commission qui s'est réunie. C'est un choix personnel. Et c'est compris comme une sanction humiliante, une gifle. On est généralement limogé, soit pour incompétence, soit pour malhonnêteté.
Pourquoi « limoger » ? Il faut se rappeler l'histoire de France. Pendant la Première Guerre mondiale, le maréchal Joffre a été nommé à la tête des armées françaises. Et il découvre alors que beaucoup d'officiers de l'armée ne sont pas très compétents. Aussi décide-t-il d'en priver un certain nombre (134 exactement) de leur commandement. Mais que va-t-on faire de ces 134 officiers ? On ne peut pas les rayer des cadres de l'armée, mais on peut les affecter ailleurs. Il les a alors envoyés dans la ville de Limoges. Pourquoi Limoges ? Parce que c'est au centre de la France, loin du front. Et pour un officier, à Limoges, en 1916, il n'y avait rien de spécial à faire. Ils étaient « limogés ».
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