RÉFÉRENDUM 2009-06-01
Beaucoup de réactions mitigées, même réservées, après l'annonce de Mamadou Tandja d'organiser un référendum constitutionnel au Niger. Cette décision est sentie par beaucoup comme un coup de force destiné à permettre au président de rester au pouvoir pour un mandat supplémentaire, alors que, pour l'instant, seuls deux mandats consécutifs sont possibles. Le mot « mandat » désigne bien sûr le fait que les électeurs confient le pouvoir à un candidat qu'ils ont élu. Mais bien souvent, on utilise ce mot pour désigner la durée pendant laquelle ce pouvoir s'exerce. Au Niger, il s'agit d'un quinquennat, c'est-à-dire d'un mandat de cinq ans pour chaque élection présidentielle. Il s'agit donc ici d'un référendum constitutionnel, c'est-à-dire d'une consultation dont l'enjeu revient à changer la Constitution, ou tout au moins un détail important de cette Constitution. Quel genre de consultation est un référendum ? On pose une question à tous les votants, qui ont le choix d'y répondre par oui ou par non. Il ne s'agit pas de choisir quelqu'un, de voter pour une liste, un parti ou un personnage, mais simplement de répondre à une question posée. Ce qui fait que, parfois, la pratique du référendum ne semble pas totalement démocratique. Pourquoi ? Parce que la question peut être orientée de telle façon que le choix soit faussé. Et les référendums où le non l'a emporté existent, bien sûr, mais ils sont relativement rares. Mais qu'est-ce qu'un « référendum » ? L'étymologie ne donne pas toutes les clés, mais une petite enquête s'impose, puisque le mot ne sonne pas français. En effet, c'est un mot latin qui a été annexé par le vocabulaire politique français. Le mot est donc arrivé de manière savante dans notre langue, et déborde du cadre strict de la langue juridique en latin.
« Référendum » est un gérondif latin. Cette forme, particulière à la langue latine, signifie « devant être », « sur le point d'être ». Au milieu du XVIIIe siècle apparaît donc en français cette formule : des documents « ad referendum », des documents qu'on demande pour en rapporter à quelqu'un, c'est-à-dire pour nourrir un dossier, pour répondre à une demande que l'administration a faite à l'un de ses agents. C'est un peu plus tard que le mot prendra un sens plus directement lié à un vote, à une question collective à laquelle un certain nombre d'électeurs devront répondre. Mais c'est surtout avec la Ve République, et sous l'impulsion du général de Gaulle, qu'il aura le succès qu'on lui connaît. En tout cas, le mot est un excellent indice de la capacité du français à accueillir des mots étrangers. La prononciation correspond à la tradition ancienne qui prévalait pour les mots latins : le « um » qui termine le mot est prononcé « omme ». Et le « en » n'est pas prononcé « n » de façon totalement latine. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/