SECRET-DÉFENSE 2009-07-09
Les rebondissements de l'affaire de Tibéhirine font ressortir continuellement l'expression « secret-défense ». Sept moines avaient été massacrés en 1996, en Algérie. Une thèse officielle sur les auteurs de l'assassinat avait été avancée, mais cette version des faits est remise en cause. Certains aimeraient relancer l'enquête, et peut-être avoir accès à des documents qui ne sont pas disponibles actuellement. C'est pourquoi le président français a déclaré : « Naturellement, je lèverai le secret-défense sur tout document que nous demandera la justice ». L'expression « secret-défense » est souvent un peu étrange pour des étrangers à la langue française. Elle signifie que des informations sont verrouillées, bouclées. Elles sont gardées secrètes, car on pourrait penser que leur divulgation, c'est-à-dire le fait qu'elles soient rendues publiques, nuirait à la défense nationale. Les secret-défense sont donc le plus souvent la propriété de l'armée, du ministère de la Défense nationale, mais parfois aussi de la police, du ministère de l'Intérieur ou simplement du pouvoir. Et il s'agit de quelque chose d'officiel. On dit clairement qu'on ne dira pas ce que contient tel ou tel dossier. C'est souvent la forme de l'expression qui peut surprendre. En effet, il s'agit de deux noms mis côte à côte. Et le deuxième joue un peu un rôle d'adjectif ou de complément : il s'agit d'un secret concernant la défense. Ce genre de formule correspond bien à un français moderne. Oh ça ne date pas d'il y a six mois, mais de quelques dizaines d'années. Un sac plastique veut dire en sac en plastique. Une carte 12-25 signifie une carte de réductions pour les jeunes de 12 à 25 ans. C'est plus rapide, et surtout c'est plus dans l'air du temps de ne pas mettre de préposition entre les deux mots. Alors, lorsqu'on supprime ce fameux « secret-défense », on dit qu'on le lève, comme on lèverait un voile qui cache quelque chose, ou un poids qui pèse. On dit aussi qu'on lève un interdit quand on en supprime un, qu'on autorise ce qui ne l'était pas. Et le verbe « lever » est dans ce sens toujours utilisé dans la direction d'une détente, d'une ouverture, d'une décrispation. On dit qu'on lève une punition pour dire qu'on l'annule. On lève le secret-défense, ou parfois on « déclassifie » l'information ; un autre verbe un peu compliqué, qui nous vient de l'anglais. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/