Journal en français facile 12/10/2022 20h00 GMT
Anne Corpet : RFI, il est 22h00 à Paris, 20h00 en temps universel. Bienvenue dans le journal en français facile présenté ce soir avec Sylvie Berruet. Bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Anne, bonsoir à tous.
AC : Les alliés de l'Ukraine s'engagent à renforcer sa défense anti-aérienne, après deux jours de bombardements intensifs menés par les Russes. La France va livrer des radars et des missiles anti-aériens annonce ce soir le président Emmanuel Macron.
SB : En Birmanie, la junte militaire prononce de nouvelles peines de prison contre l'ancienne dirigeante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi. Un journaliste japonais interpellé pendant une manifestation contre le pouvoir militaire a aussi écopé d'une condamnation. Des annonces qui tombent le jour où Toyota confirme la mise en service d'un site de production dans le pays.
AC : Toujours des pénuries d'essence en France suite au mouvement de grève du personnel de compagnies pétrolières. Le gouvernement a décidé de procéder à des réquisitions pour réapprovisionner les stations-services. Le président français promet un retour à la normale la semaine prochaine. Les syndicats contestent ce procédé.
SB : Enfin du cinéma avec la sortie en France d'un film ukrainien présenté au festival de Cannes. Butterfly Vision raconte la guerre du Donbass, prélude au conflit qui oppose actuellement l'Ukraine à la Russie.
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SB : Après deux jours d'intenses bombardements de l'Ukraine par la Russie, les alliés de Kiev s'engagent à renforcer la défense anti-aérienne du pays.
AC : Réunis au siège de l'Alliance atlantique à Bruxelles, les Occidentaux ont promis de livrer des systèmes de défense antimissile à l'Ukraine aussi vite que possible. Ce soir à la télévision, Emmanuel Macron a dit que la France allait procurer à Kiev des radars, des systèmes et des missiles anti-aériens. Le président français a également répété que la France envisageait de livrer des canons César supplémentaires à l'Ukraine. Au début de son intervention, Emmanuel Macron a appelé le président russe Vladimir Poutine à cesser la guerre et à revenir à la table des discussions.
SB : En Russie, des arrestations après l'attaque samedi sur le pont de Kertch qui relie la Crimée au territoire russe.
AC : Le FSB, les services de sécurité russes, ont indiqué ce mercredi avoir interpellé huit personnes. Elles sont soupçonnées d'avoir participé à l'attaque à l'explosif. Le FSB déclare aussi avoir empêché deux autres projets d'attentats. Correspondance à Moscou, Anissa El Jabri.
Photos et vidéos d'inspection du camion, clichés des auteurs présumés. Les éléments de l'enquête du FSB sont partout dans les médias russes et trois Ukrainiens et Arméniens ont été interpellés, disent les services de sécurité. Services qui communiquent des détails très précis dissimulation de l'engin explosif dans 22 palettes de rouleaux de film plastique, poids total : 22 770 kilos. Le trajet complet des explosifs, tel que le FSB le retrace, est aussi exposé. Départ début août par bateau du port d'Odessa vers un port de Bulgarie et un autre en Géorgie, puis expédition vers l'Arménie et enfin la Russie par voie routière. Coordination signée Kiev, dit encore le FSB. Kiev, qui aurait aussi tenté deux autres attentats, l'un via un Ukrainien de 50 ans entré par l'Estonie. Dans son garage, deux lance-missiles portatifs « Igla », du matériel de conception soviétique destiné, dit encore le FSB, à mener, je cite : « des actes de sabotage et de terrorisme dans la région de Moscou. » Autre attentat qui aurait été déjoué : une bombe contre un centre logistique à Briansk, une ville située non loin de la frontière ukrainienne. Anissa El Jabri, Moscou, RFI.
SB : La répression se poursuit en Iran.
AC : Des balles et du gaz lacrymogène ont été tirés lors de manifestations ce mercredi. La répression aurait déjà fait plus de 200 morts. Les protestataires descendent dans la rue chaque jour depuis près d'un mois. Ce mercredi à Bruxelles, les 27 pays membres de l'Union européenne ont donné leur accord pour sanctionner les responsables iraniens impliqués dans la répression.
SB : En Birmanie, de nouvelles peines de prison prononcées contre l'ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi.
AC : La prix Nobel de la paix condamnée à deux peines de prison de trois ans par la junte militaire. Arrêtée au moment du coup d'État en février 2021, elle est déjà sous le coup d'une condamnation à 23 ans de prison. Un journaliste japonais, arrêté alors qu'il couvrait une manifestation contre la junte, a aussi été condamné à trois ans de prison. Des décisions qui tombent le jour où Toyota annonce avoir mis en service une usine dans le pays. Contrairement à de nombreuses multinationales qui ont quitté le pays, le constructeur japonais a maintenu son projet. Ariane Gaffuri.
C'est dans des conditions de grande instabilité politique et économique que le japonais Toyota commence à exploiter son usine d'assemblage près de Rangoun, après plus d'un an et demi de retard. Il avait dû suspendre ses opérations en raison du coup d'État militaire, mais aussi à cause de la pandémie qui a bouleversé les chaînes d'approvisionnement de semi-conducteurs nécessaires à la fabrication des automobiles. Toyota assure que ses activités n'ont pas de lien direct avec les entités affiliées à la junte. L'organisation non gouvernementale Human Rights Watch ajoute quant à elle que la réouverture de l'usine ne doit pas être perçue comme un retour à la normale en Birmanie, où la junte continue de commettre des atrocités, dont des meurtres, de la torture et de la détention arbitraire envers ses opposants. En reprenant ses activités en Birmanie, Toyota se démarque des autres multinationales qui ont tourné le dos au pays. Parmi ces groupes figurent les énergéticiens français et américains TotalEnergie et Chevron, le groupe de télécommunications norvégien Telenor ou encore le brasseur japonais Kirin.
SB : En France, les pénuries de carburants se poursuivent.
AC : Et ce soir, le président a promis un retour à la normale dans le courant de la semaine qui vient. Pour réapprovisionner en essence les stations-service, le gouvernement a décidé de réquisitionner du personnel. Concrètement, comment vont se dérouler ces réquisitions ? Les explications de Sylvie Koffi.
La réquisition débute notamment sur le site de Gravenchon, situé en Seine-Maritime, qui dépend du groupe Esso ExxonMobil. Les arrêtés sont prêts, le préfet doit envoyer gendarmes et policiers au domicile de plusieurs salariés. Les quelques grévistes indispensables au déblocage, une équipe de deux ou trois personnes pour le déstockage des cuves de carburant, devraient se voir contraints de venir travailler, sous peine de sanctions pénales. Pour les dépôts, le redémarrage serait immédiat car c'est assez simple puisqu'il suffira d'ouvrir les vannes pour les camions. Mais pour redémarrer la production à la raffinerie, il faudra au moins deux semaines, a indiqué le ministère de la Transition énergétique. Une décision qui suscite la colère des syndicats. Malgré cette menace brandie pour la première fois par la Première ministre Elisabeth Borne, les grévistes ont décidé de poursuivre leur mouvement, prolongeant ainsi les pénuries de carburants qui affectent la France entière. Outre des dépôts de carburant, six des sept raffineries françaises sont toujours en grève.
SB : Et puis, le cinéma avec la sortie ce mercredi en France d'un film ukrainien projeté lors du dernier Festival de Cannes.
AC : Butterfly Vision raconte la guerre du Donbass qui a débuté en 2014, un prélude au conflit qui oppose actuellement l'Ukraine à la Russie. Ce film montre la difficile réparation d'une prisonnière de guerre ukrainienne. Sophie Torlotin.
Butterfly Papillon, c'est le surnom militaire de Lilia, une spécialiste en reconnaissance aérienne capturée par les séparatistes pro-russes du Donbass. Le début du film l'a saisi lors de sa libération à la faveur d'un échange de prisonniers. Comment revient-on à la vie civile, à la vie tout court, après avoir subi des sévices ? Le cinéaste ukrainien Maksym Nakonechnyi, dont c'est le premier long métrage, montre le parcours de cette femme-soldat qui refuse d'être considérée comme une victime. Ce faisant, il n'occulte rien des complexités et zones d'ombre de son pays. Maksym Nakonechnyi a eu l'idée de ce film en travaillant sur un documentaire montrant des femmes ukrainiennes engagées dans la guerre. Pour autant, Butterfly Vision n'est ni naturaliste ni voyeuriste. Le jeune réalisateur de 31 ans intègre à bon escient des séquences de faux reportages de réseaux sociaux ainsi que des plans au drone qui traduisent bien la situation paradoxale de Lilia. Ni héroïne ni victime, elle veut choisir sa voie, celle d'une survivante qui se reconstruit et refuse la vengeance et le désespoir.
AC : Enfin du football. Le club de Bruges a décroché, ce soir, sa place en huitièmes de finale de la Ligue des champions après son match nul face à l'Atlético Madrid, 0 à 0. Vainqueurs chez eux la semaine dernière, les Belges s'impose comme le leader surprise et toujours invaincu du groupe B. Vous écoutez RFI. Il est 22 heures 10 à Paris. C'est la fin de ce Journal en français facile. Merci à Claude Battista pour la réalisation.