Journal en français facile 27/04/2022 20h00 GMT
Clémentine Palotsky : Merci d'écouter RFI, il est 20 h en temps universel, 22 h à Paris. Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile.
À la une, le premier déplacement d'Emmanuel Macron après sa réélection à la tête de la France. Le dirigeant était aujourd'hui à Cergy, où il s'est offert un bain de foule. Pendant ce temps, la gauche se prépare aux législatives de juin. La France insoumise et le parti socialise ont ouvert des négociations.
La France va présider une réunion d'urgence de l'Union européenne sur le gaz russe. La Pologne et la Bulgarie en sont désormais privées. La décision du géant russe Gazprom est entrée en vigueur aujourd'hui.
En Inde, des fonctionnaires interpellent le Premier ministre. Ils demandent à Narendra Modi de s'exprimer sur les violences contre les musulmans.
Et puis, nous irons en Haïti. Les gangs rivaux sèment la terreur dans le nord-est de Port-au-Prince. Témoignages à suivre.
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CP : En France, les partis politiques se préparent donc pour les législatives de juin. C'est le cas notamment à gauche. La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon a ouvert aujourd'hui des négociations avec le Parti socialiste. Fort de sa 3e place à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon ne cache pas son ambition : il souhaite remporter les législatives et devenir Premier ministre.
De son côté, le président Emmanuel Macron promet de nommer un chef du gouvernement « attaché à la question sociale, la question environnementale et la question productive ». Il s'est rendu aujourd'hui dans le Val d'Oise à Cergy, une ville qui a très largement voté pour Jean-Luc Mélenchon au 1er tour de la présidentielle. C'était la première apparition publique du chef de l'État depuis sa réélection dimanche. Reportage d'Antony Lattier.
Les gestes barrières ne sont qu'un lointain souvenir. Dans les allées du marché de Cergy, habitants, journalistes, agents de sécurité se bousculent autour d'Emmanuel Macron. « On vous aiment », au milieu des cris d'amour, et des « Macron président », quelques « Macron démission », et les mises en garde de certains habitants. « Les gens ils ont voté contre Marine Le Pen, ça il faut absolument le prendre en compte, c'est hyper important ». « Mais il ne faut pas non plus dire qu'ils ont voté que pour ça, parce que sinon je n'aurais pas été dès le premier tour ». « On compte sur vous monsieur le président, ne nous lâcher pas pendant votre quinquennat ». Un chef de l'État venu aussi dire son ambition pour les quartiers populaires. « Dans les quartiers justement les plus pauvres, qu'ils soient dans la ville ou dans la ruralité, parce que le défi est le même, nous devons vraiment recréer les conditions réelles et effectives de l'égalité des chances ». Après 2 heures de cohue, la voiture présidentielle s'en va sous l'oeil amusé d'Hakim, vendeur de légumes. « Franchement c'est super bizarre, parce qu'ils sont contents de le voir et presque deux semaines, ils l'insultent. C'est les mêmes qui rouspètent quand l‘huile elle coute 5 euros, après ils le voient, ils lui font des bisous. » Des bisous mais pas que..., un sachet de tomates a aussi jeté en direction du Président, sans qu'il soit touché.
CP : Reportage signé Anthony Lattier. La France va présider une réunion en urgence de l'Union européenne sur le gaz russe. Elle aura lieu lundi prochain avec les ministres européens en charge de l'énergie. Les Européens qui affichent leur solidarité, alors que le géant russe de l'énergie Gazprom a arrêté aujourd'hui de livrer du gaz à la Pologne et à la Bulgarie. La raison : les deux pays avaient refusé de payer leurs importations gazières en roubles, comme l'exige désormais Moscou. Alors la Pologne, comme la Bulgarie, se sont montrés rassurantes sur leur capacité à trouver le gaz manquant par d'autres voies, mais du côté de Sofia, on est quand même très dépendant du gaz russe Louis Augry, et on s'étonne de cette décision.
90%. C'est la dépendance de la Bulgarie au gaz russe aujourd'hui. Et quand la société Bulgargaz a reçu la notification d'arrêt des livraisons de Gazprom, ça a d'abord été l'étonnement qui a régné. D'abord parce que le gouvernement l'assure : Sofia s'est pleinement acquittée de ses obligations vis à vis de Moscou. Mais aussi, parce que la Bulgarie s'est montrée plutôt en retrait depuis le début de l'invasion russe, et reste l'un des rares pays de l'OTAN à s'opposer à la livraison d'armes en Ukraine. Une fois cet étonnement passé, vient le moment de rassurer la population : le gouvernement assure que des actions pour trouver des alternatives ont été entreprises, et pour l'heure, aucune mesure de restriction de la consommation n'est prévue. D'après le ministre de l'Énergie bulgare, le pays a un mois de réserve de gaz naturel devant lui, et il a affirmé qu'au moment où il parlait ce matin, le gaz circulait toujours. Le pays, compte beaucoup aussi, sur les livraisons de gaz d'Azerbaïdjan, grâce au gazoduc en construction entre la Bulgarie et la Grèce, qui devrait voir le jour en juin. Un projet lancé en 2019, et c'était déjà, pour s'émanciper du gaz russe.
CP : Et de son coté, l'Ukraine s'attend à « des semaines extrêmement difficiles » face à l'armée russe. C'est le ministre de la Défense, Oleksiy Reznikov, qui l'affirme. Selon lui, l'armée russe va tenter d'infliger le plus de souffrances possibles aux soldats ukrainiens. Le ministre demande à ces soldats de « tenir le coup ». Il appelle les Ukrainiens à la résilience à et à l'unité.
En Inde, plus de 100 anciens hauts fonctionnaires viennent d'écrire une lettre ouverte au Premier ministre Narendra Modi. Ils lui demandent de réagir pour mettre fin aux attaques croissantes contre la minorité musulmane. Ces dernières semaines, des membres du clergé hindou ont ouvertement appelé au meurtre et au viol des musulmans, et des processions violentes ont eu lieu dans les quartiers musulmans du nord du pays. Le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi, loin de condamner ces actes, a souvent défendu les assaillants. Correspondance en Inde de Sébastien Farcis.
Ils étaient jusqu'à récemment les plus hauts fonctionnaires de l'État indien : ancien conseiller à la sécurité nationale ou directeurs des administrations fédérales et régionales. 108 membres de cette élite s'alarment aujourd'hui de voir que les pouvoirs publics sous l'autorité du parti nationaliste hindou, je cite, « tordent la constitution et les lois pour imposer la tyrannie de la majorité hindoue, et forcer la minorité musulmane à vivre dans une peur constante ». À cause de cela, ces musulmans indiens n'ont souvent plus le droit de prier librement, disent-ils, de manger ou de porter ce qu'ils veulent. Selon Shivshankar Mukherjee, ancien ambassadeur au Royaume-Uni et signataire de cette lettre, cette dérive suprémaciste risque de remettre en cause les fondements démocratiques de l'Inde. Et le Premier ministre ne peut donc plus rester muet. « Qui d'autre peut parler ? Presque tout le pays est ravagé par une vague de haine, et l'inde est de plus en plus gouverné par les émeutiers. Dans cette situation, le silence du Premier ministre équivaut à une approbation. » Le gouvernement soutient que ces attaques sont isolées et menées par des groupes radicaux. Ce sujet pourrait toutefois être évoqué lors de la rencontre entre Narendra Modi et le président français Emmanuel Macron, à Paris, mercredi prochain. Sébastien Farcis, New Delhi, RFI.
CP : Des violences au Darfour, au moins 213 personnes ont été tuées en 4 jours selon les autorités de cette région de l'ouest du Soudan. L'ONU condamne ces événements et réclame une enquête rapide et indépendante.
En Haïti, les banlieues au nord-est de la capitale Port-au-Prince sont en proie à des affrontements sanglants entre gangs rivaux qui se disputent le contrôle de cette zone appelée la Plaine du Cul-de-Sac. Depuis dimanche à l'aube, les rafales d'armes automatiques retentissent sans cesse. Les habitants de plusieurs localités sont terrés chez eux. Stefanie Schüler a pu recueillir leurs témoignages. Pour des raisons de sécurité tous s'expriment sous couvert d'anonymat.
« Jusqu'à présent, il y a toujours des tirs, on ne sait pas toujours d'où ça vient. Donc depuis dimanche on est enfermés. On ne peut même pas sortir dans la cour parce qu'à n'importe quel moment ça tire. On peut même se prendre une balle à l'intérieur de la maison. C'est déjà arrivé ». « Une dame que je connais bien est décédée. Elle était enceinte. Elle a été atteinte d'un projectile. On a réussi à la transporter à l'hôpital. Mais elle n'a pas eu de chance. Elle est morte juste devant l'hôpital. Et son bébé aussi ». Les civils ne sont pas touchés que par des balles perdues. Les témoins font aussi état d'exactions commises par les gangs contre la population. « C'est vraiment l'horreur. Il y a beaucoup, beaucoup de tirs. Des gens sont morts. Des maisons sont incendiées, des voitures aussi. » Avec des barricades les gangs ont transformé la Plaine du Cul-de-Sac en une zone de guerre assiégée. Les écoles et les magasins sont fermés, personne ne peut aller travailler. Dans les familles, l'eau potable et la nourriture commencent à manquer. « On est abandonnés entre les mains des gangs qui nous empêchent de vivre normalement ». Le gouvernement provisoire a publié un communiqué ce mardi, se disant engagé à garantir l'ordre publique en Haïti. Mais il ne mentionne nulle part la situation de ces localités au nord de la capitale.
CP : Dans l'actualité enfin, la Centrafrique qui adopte le bitcoin comme devise officielle. Elle devient le premier pays d'Afrique à prendre cette décision, le 2e au monde. Le Salvador reste le 1er pays au monde à avoir adopté le bitcoin comme monnaie légale.