Mythologie Egyptienne - Mythes et légendes #3 (2)
drôle en fait puisque qu'ils ne croient pas en la réincarnation. La plus belle manifestation
de cette notion de cycle est celui du jour et de la nuit qui trouve sa représentation
dans la mythologie égyptienne dans un combat entre Atoum, ou Ré suivant les versions,
et le dieu de la nuit, du Chaos et du mal : Apophis le serpent.
Chaque jour, le dieu soleil prend place sur sa barque solaire et voyage dans notre monde,
le monde terrestre visible, de l'est à l'ouest. Les égyptiens peuvent tout à
fait comparer le lever du soleil avec la naissance d'un homme, le zénith avec sa maturité
et le coucher du soleil avec sa mort. Une fois que le soleil, de plus en plus en faible,
passe l'horizon, il bascule dans le monde souterrain et commence alors une lutte avec
le mal. Durant toute la nuit dans ce monde des morts, Apophis et les forces du mal pouvant
être représentées par des scorpions ou des crocodiles, tentent de faire chavirer
l'embarcation. Le soleil étant relativement faible, il est protégé par d'autres dieux,
comme Seth, qui pour une fois fait le gentil et qui se tient à l'avant de la barque
pour pourfendre Apophis quand celui-ci s'approche un peu trop. Il est également accompagné
d'animaux, comme un serpent, gentil celui-ci, qui le protège. C'est donc toute une épreuve
qui s'étale durant cette nuit et, à la moitié de celle-ci, Osiris, dont nous allons
parler juste après, aide le soleil à se régénérer. Le matin, Rê arrive alors à
revenir dans le monde terrestre sous la forme d'un scarabée, chargé à bloc, Apophis
restant dans le monde souterrain et renouvelant son échec jour après jour.
Ça ne doit pas être facile pour lui le pauvre...
Osiris est le tout premier pharaon d'Égypte. Avec l'aide de sa femme et du dieu Thot,
il réunit des tribus nomades d'Egypte et leur enseigne l'agriculture et l'écriture.
Son royaume est prospère et sa sagesse est reconnue de tous. C'est un peu le monde
des bisounours. Mais son frère, le dieu Seth, jalouse son succès et décide de mettre en
place un stratagème afin de le faire disparaître. Seth organise un grand banquet où il invite
entre autres son frère Osiris. Lors de l'évènement, il présente un magnifique sarcophage et promet
de l'offrir au dieu qui rentre parfaitement à l'intérieur. Trouvant tout ça amusant
Osiris tente sa chance et bien entendu, le sarcophage a été taillé à ses mesures
donc il s'y sent plutôt bien. Seth en profite alors pour l'enfermer à l'intérieur
et balance le tout dans le Nil où le pauvre Osiris meurt noyé.
Isis, la femme d'Osiris, part alors à la recherche du corps qu'elle finit par trouver
avec l'aide de sa sœur Nephtys et part le cacher dans un marais.
Seth, qui domine alors l'Egypte, prend alors connaissance de la cachette et craint qu'Isis
ne puisse le ressusciter. Fou de rage il décide alors de déchirer le corps d'Osiris en
14 morceaux, parfois 16 selon les versions, qu'il cache un peu partout dans le pays.
Mais l'amour est fort entre Osiris et Isis, et cette dernière part à la recherche de
son défunt amant. Enfin, plutôt de ses morceaux...Et elle les retrouve…enfin…. presque tous...puisqu'il
manque...son pénis...qui a été mangé...par un poisson...Bref ! Avec l'aide d'Anubis
elle arrive à lui redonner vie et, je ne sais pas trop comment, elle use de ses pouvoirs
pour lui redonner un peu de virilité afin qu'ils se reproduisent pour donner naissance
à Horus.
Suite à cet épisode, Osiris devient le souverain incontesté du royaume des morts et Horus
grandit caché dans les marais à l'abri de la fureur de son oncle. Une fois à l'âge
adulte, il revendique le trône devant les autres dieux mais aucun consensus n'est
trouvé. S'entame alors un combat relativement violent entre Horus et Seth dans lequel Horus
perd un œil et Seth perd ...ses balls, ses testicules. Mais sans déconner pourquoi ils
visaient toujours cette région quoi ! Bref, Horus a quand même le dessus, s'apprête
à tuer son oncle mais Isis est pris d'un élan de pitié pour son frère et demande
à Horus de l'épargner. Naturellement Horus n'en a rien à faire et le comportement
de sa mère l'exaspère. Du coup, il fait ce que chacun aurait fait dans cette situation
: il coupe la tête d'Isis, sa propre mère. Normal. Bref, tout est bien qui finit bien,
le dieu Thot intervient et remplace la tête d'Isis par une tête de vache...oui...il
aurait pu trouver mieux. Osiris du fin fond de son royaume menace les autres dieux de
lâcher toutes sortes de créatures sur eux s'ils ne donnent pas raison à son fils
et Horus, brave gaillard, devient alors le Pharaon de l'Égypte. Fin de l'histoire,
je vais prendre un doliprane.
Dans l'Égypte antique, la mort était omniprésente dans la vie des Égyptiens. Attention ça
ne veut pas dire qu'il s'agit d'un peuple dépressif et résigné ou de fanatiques portés
sur la chose hein. En fait la vie elle-même n'est qu'une préparation à la mort qui
leur permettra d'accéder à la vie éternelle. C'est entre autre pour ça que des moyens
sont investis dans les temples et les lieux de rites, construit en dur, alors que les
habitations de la population sont elles-mêmes plus précaires.
Si cette vie éternelle est dans un premier temps réservé au pharaon, on s'aperçoit
assez rapidement que chaque homme y a le droit, ce qui motive d'autant plus la pratique
et le respect des traditions. Tout comme les cosmogonies, il existe plusieurs
versions de ce qui se passe après la mort, toutes cependant convergent vers des points
communs : le défunt doit se confronter à une épreuve qui détermine si il est apte
ou non à rejoindre le royaume des morts, un endroit fabuleux où il fait bon vivre.
Certains écrits font part d'un combat que le défunt doit mener contre les forces du
mal, d'autres contre le grand Seth lui-même mais la version la plus connue qui nous est
parvenue est sans aucun doute celle du jugement de l'âme et de la pesée du cœur. Mais
ne nous précipitons pas, avant toute chose il faut pouvoir y accéder à ce jugement,
et il y a des prérequis !
Pour les égyptiens, un individu est composé de plusieurs forces qui composent son être
et sa personnalité. Sans rentrer dans les détails techniques, nous pouvons citer les
deux principaux : le Djet et le Ka. Le Djet correspond au corps, à l'enveloppe
charnelle et le Ka évoque l'âme, plus durable. Au moment de la mort, il convient
donc de séparer le Djet du Ka pour que l'esprit puisse s'élever et se confronter au jugement
d'Osiris. Et là on n'a pas 50 000 moyens !
Le corps du défunt doit impérativement avoir une tombe à son nom, c'est déjà le premier
point, et dans de nombreuses autres sources, il doit en toute logique être embaumé, cette
acte représentant la renaissance d'Osiris et permettant à Isis de ressusciter l'âme
afin d'accéder au royaume des morts. Si ces prérequis ne sont pas respectés, l'esprit
du défunt reste bloqué dans son corps, pour l'éternité. Chouette !
Bon après il faut être réaliste hein, il y avait des gens qui avaient les moyens et
d'autres pas, on peut donc considérer qu'il y avait plusieurs échelons et degrés de
tolérance car l'embaumement d'un pharaon n'était pas comparable à celui d'un
paysan, autant en terme de prix que de qualité.
Quoi qu'il en soit, et à condition que sa tombe soit régulièrement garnie d'offrandes,
le défunt préparé peut enfin quitter son Djet et se diriger vers le jugement et la
pesée du cœur. Dans la mythologie égyptienne, le cœur est le reflet de l'âme, il est
donc logique de l'examiner afin de voir si la vie du défunt a été exemplaire ou
non.
Ce jugement est présidé par Osiris, accompagné de plusieurs autres dieux tels qu'Isis,
Nephtys, et parfois d'autres dieux suivant les versions. Accompagné d'Anubis, le défunt
se défend en plaçant son cœur sur une balance afin de juger sa vie terrestre et ses éventuels
péchés. Une plume d'autruche est posé de l'autre côté et si le cœur est plus
léger que la plume, le défunt est blanchi, il peut accéder, avec les honneurs, au royaume
des morts. En revanche si celui-ci est plus lourd que la plume c'est moins sympathique…
Amemet, la grande dévoreuse, une créature à la tête de crocodile, au corps de lion
et au postérieur d'hippopotame, se charge d'engloutir l'âme avec le plus grand
des appétits et…et puis c'est fini, plus rien…Thot vous tamponne le crâne avec un
“accès refusé”…fallait être réglo à l'époque…
Avant toute chose, il faut préciser que les dieux égyptiens sont à la fois très humains
et finalement assez inaccessibles. Ils interagissent entre eux, ils boivent, ils se parlent, ils
s'aiment et se jalousent, se mettent parfois à dos les copains et pourtant à l'inverse
des dieux grecs par exemple ils ne se mêlent que très rarement à la population. Si ils
sont “au ciel” ou dans le monde souterrain ils sont aussi sur terre mais à l'intérieur
des temples et des statues, se nourrissant des offrandes des hommes. Tout comme les dieux
nordiques, les dieux égyptiens sont mortels, nous l'avons vu, cependant ils peuvent tout
à fait être ressuscités. Oui, c'est un peu de la triche mais c'est des dieux, ils
font ce qu'ils veulent...
Je le répète depuis le début de l'émission, tel un perroquet qui aurait pris un peu trop
de sucre, on a beaucoup d'histoires différentes qui évoluent au fil du temps et ça vaut
bien évidemment pour les dieux. La longueur extraordinaire des dynasties égyptiennes
font que l'on parle d'une période qui s'étale sur des milliers d'années. Ainsi,
en fonction des époques, certains dieux vont prendre beaucoup plus d'importance que d'autres
sur le territoire. Durant l'ancien Empire, entre 2778 et 2420 avant JC, c'est par exemple
Rê, Osiris et Seth qui sont mis en avant alors que pendant le Nouvel Empire, entre
1580 et 1085 avant JC, c'est surtout Amon, Ré et Ptah qui dominent en même temps que
celui d'Isis et d'Osiris.
Cependant ils n'ont pas l'exclusivité du culte, puisse qu'il existe des centaines
de dieux qui sont vénérés plus ou moins localement dans les villes, qui disparaissent,
réapparaissent, se transforment, évoluent, etc…Certaines théories expliquent qu'il
n'y a en fait que trois dieux et que l'on donne des noms différents à beaucoup d'entités
qui sont en fait les mêmes.
Et si le polythéisme, le fait de croire en plusieurs dieux, domine très largement la
culture égyptienne, on assiste même sous le règne du Pharaon Akhenaton à une tentative
de monothéisme forcé. Pendant tout son règne, il impose donc le culte du dieu solaire Aton,
mais sa tentative disparaît avec lui.
En gros ça bouge, encore et encore, mais la religion en tant que telle reste dans les
mêmes eaux pendant près de 5000 ans !
D'ailleurs, même si la représentation des dieux évolue aussi, ils restent quasiment
les mêmes. Ainsi un même dieu peut d'abord être représenté sous forme animale, puis
humaine et enfin mixte entre humain et animal. Il peut aussi être représenté sous la forme
d'un homme puis d'une femme et enfin même si certains dieux ont des signes distinctifs
comme des objets sur eux et bien les couronnes ou les coiffes qui peuvent orner leur tête
changent également suivant les représentations que l'on en fait. Bref, pas facile tout ça
Comme nous l'avons dit, la religion est très importante pour les égyptiens, car
la vie après la mort est plus importante que la vie terrestre. Les lieux de cultes
sont extrêmement respectés et les statues des dieux sont sensés contenir une partie
de leur âme. Dans chaque aspect de la vie les dieux sont donc présents et on les honore
en leur faisant des offrandes. La religion conditionne tout et, comme je l'avais exposé
dans mon épisode sur l'accouchement, même le fait de donner la vie est encadré par