Journal en français facile 02 août 2017
Florent Guignard : Radio France Internationale, il est 20 heures en temps universel, 22 heures à Paris.
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FG Bonsoir, bienvenue dans le journal en français facile, que je vous présente avec Zéphirin Kouadio, bonsoir Zéphirin.
Zéphirin Kouadio : Bonsoir Florent, bonsoir à tous.
FG Au sommaire de ce journal, Zéphirin, l'avenir du président du Brésil en suspens : ZK Eh oui, le parlement brésilien va voter pour décider ou pas de la tenue du procès de Michel Temer pour corruption.
FG Aux Etats-Unis, la nomination confirmée du nouveau directeur du FBI, trois mois après le renvoi, par Donald Trump, de James Comey, l'ancien patron de la police fédérale. ZK En Russie l'expulsion attendue d'un journaliste en Ouzbékistan, il risque d'y être torturé. FG Enfin « le jour du dépassement » : c'est aujourd'hui que l'humanité commence à consommer plus que ce que la planète ne peut produire. ----
ZK Et on commence bien sûr ce journal avec cette question : Michel Temer, le président du Brésil, va-t-il échapper à son procès pour corruption ?
FG Ce sont les députés qui doivent en décider. Ils doivent voter dans les prochaines heures. Pour que Michel Temer soit écarté du pouvoir, et soit jugé par la Cour suprême, il faut une majorité des deux tiers des députés. Correspondance de Martin Bernard.
Les députés ont engagé un véritable marathon. Une séance qui se déroule dans une atmosphère survoltée. Elle a commencé dans la matinée à Brasilia et ne devrait se terminer que dans la soirée. Des députés de l'opposition ont fait irruption à la chambre basse avec des valises bourrées de faux billets – et qui portaient la mention « Temer dehors ! ». Au-delà de cette provocation, les députés doivent annoncer leur vote à la tribune, comme cela avait été le cas durant la procédure de destitution de la présidente Dilma Rousseff, il y a un peu plus d'un an. Mais la tendance qui se dessine semble indiquer que Michel Temer va bien parvenir à rassembler les voix nécessaires au rejet de l'accusation pour corruption, qui a été lancée contre lui. Pour que la chambre envoie cette accusation à la Cour Suprême, il faudrait effectivement que l'opposition obtienne une majorité des deux tiers. Mais les alliés de Michel Temer ont engagé un corps à corps avec les députés pour les convaincre de se ranger aux côtés du pouvoir. Autant de mesures qui ont fini par affaiblir l'opposition. Martin Bernard, Sao Paulo, RFI.
ZK Autre crise politique sur le continent sud-américain, au Vénézuela. L'assemblée constituante, élue dimanche pour rédiger une nouvelle constitution, doit prêter serment aujourd'hui devant le président Maduro, avant de commencer à siéger demain. FG Mais de nouvelles révélations jettent le trouble sur cette élection. La société informatique qui a organisé le scrutin affirme que les chiffres de la participation ont été manipulés ; en clair, il y a eu beaucoup moins d'électeurs que ne l'a annoncé le pouvoir vénézuélien, qui a organisé ce scrutin pour affaiblir l'actuelle assemblée nationale dominée par l'opposition. ZK Aux Etats-Unis, Donald Trump a fini par promulguer les nouvelles sanctions décidées par le Congrès, c'est-à-dire le parlement des Etats-Unis. FG Le président américain a signé la nouvelle loi, tout en disant qu'elle était « imparfaite ». Mais il l'a quand même fait, « au nom, dit-il, de l'unité nationale ». Ces nouvelles sanctions contre la Russise, on le rappelle, elles ont été prises pour punir les Russes d'avoir voulu influencer la dernière campagne présidentielle américaine. ZK C'est la fameuse affaire russe, qui empoisonne, qui perturbe la présidence Trump. FG C'est à cause de l'affaire russe, et de l'enquête sur les liens de l'équipe Trump avec la Russie que Donald Trump avait limogé, avait renvoyé James Comey, le patron du FBI, la police fédérale, qui a autorité sur l'ensemble du territoire des Etats-Unis. Son successeur, celui qui le remplace à la tête du FBI, Christopher Wray, a été nommé par Donald Trump, et comme le prévoit la loi, cette nomination a dû être confirmée par le Sénat américain. C'est ce qu'il a fait, à une très large majorité. Le nouveau patron du FBI a la réputation d'être un homme indépendant. Son portrait, avec Léticia Farine.
Christopher Wray travaillait jusqu'à présent pour King and Spading. Un cabinet d'avocat privé et international qui compte parmi ses clients des sociétés à gros capital comme le groupe immobilier Trump. Né à New-York en 1967 dans une famille de juristes, Christopher Wray est diplômé de la prestigieuse université américaine de Yale. Il est spécialisé en droit pénal, sur la criminalité financière des entreprises. L'homme de 50 ans est notamment connu pour avoir défendu en 2013 Chris Christie, le gouverneur du New Jersey et proche de Donald Trump dans une affaire de scandale politique. Avant de travailler dans le privé, Christopher Wray a dirigé de 2003 à 2005 la division pénale du ministère américain de la Justice sous l'administration de George W. Bush. Il a d'ailleurs travaillé directement sous les ordres de James Comey, son prédécesseur à la tête du FBI. Habitué des hautes sphères, son premier défi sera de gagner la confiance des Américains et des quelques 36 000 employés du FBI, en leur assurant l'indépendance de l'agence américaine de renseignements face aux "puissants" et à la Maison-Blanche. ZK Venons-en maintenant au cas de ce journaliste d'Ouzbékistan, qui est né et qui travaille en Russie, mais qui va être expulsé vers son pays d'origine. FG Il a peur d'être torturé en Ouzbékistan, parce qu'il milite en faveur des droits de l'homme, et parce qu'il est homosexuel. RFI Moscou, Muriel Pomponne.
Khoudoberdi Nourmatov est né en Russie où il a grandi mais il est de nationalité ouzbek. Sa mère, sa sœur et son frère sont citoyens russes. A la fin de ses études en 2008, il a tenté de s'installer en Ouzbékistan. Mais les services de sécurités intérieurs ouzbeks ont voulu l'enrôler, ce qu'il a refusé. Il a été torturé, et est parvenu à fuir un an plus tard. Depuis il vit en Russie et travaille, sous le pseudonyme de Ali Ferouz, pour le journal indépendant Novaya Gazeta. Il y traite notamment des sujets de sociétés et de la situation des migrants. Il milite également au sein de l'organisation Amnesty International. Khoudoberdi Nourmatov a fait une demande d'asile qui a été rejetée. La Russie accorde le statut de réfugiés au compte-goutte, à peine quelques dizaines de personnes par an. Il a fait appel de cette décision. Mais d'après les autorités, il est en infraction avec la législation migratoire, et il a déjà été arrêté et incarcéré pendant quelques jours en mars dernier. Ces proches craignent qu'il ne soit torturé s'il est renvoyé en Ouzbékistan, d'autant plus qu'il est homosexuel, et qu'il peut à ce titre être condamné à une peine allant jusqu'à 3 ans de prison. Muriel Pomponne, Moscou, RFI.
ZK On va parler maintenant, Florent, du « jour du dépassement ». Cette année, il tombe aujourd'hui donc le 2 août. Mais qu'est-ce que c'est exactement que ce jour… voilà… du dépassement ? FG Eh bien, Zéphirin, c'est le jour où l'humanité, l'ensemble des êtres humains, a consommé toutes les ressources naturelles que peut fournir la planète en une année. A partir d'aujourd'hui, tout ce que vont consommer les humains, pour se nourrir, pour se déplacer ou pour se chauffer, proviendra d'une surexploitation des ressources naturelles. ZK Si je comprends bien, Florent, si on prend l'exemple du poisson, on va continuer à en manger, du poisson donc, jusqu'à la fin de l'année, mais ces poissons seront pêchés sans qu'on leur laisse le temps de se reproduire convenablement. Ce qui veut dire, qu'à terme, il risque bien de ne plus y avoir de poisson du tout. FG Voilà, c'est exactement ça, Zéphirin. Ce jour du dépassement, il a été inventé par des organisations écologistes pour sensibiliser l'humanité sur l'épuisement des ressources naturelles. On dit qu'après le jour du dépassement, l'humanité vit à crédit. Mais tous les humains ne sont pas logés à la même enseigne, les Terriens, les habitants de la planète Terre, ne sont tous responsables de la même façon. Il n'y a rien de comparable dans les habitudes de consommations d'un Haïtien par exemple, et d'un Australien. L'Australie est l'un des pays les plus gourmands en ressources naturelles, rapporté au nombre de ses habitants. A Melbourne, la correspondance de Caroline Lafrague.
Ils forment une petite population, mais leur empreinte écologique est énorme. Les 24 millions d'Australiens se retrouvent de nouveau en haut du classement du Global Footprint Network, en troisième position derrière le Luxembourg et le Qatar pour l'empreinte écologique par habitant. Un Haïtien utilise 0,61 hectare par an ; un Australien, lui, mobilise 8,8 hectares pour subvenir à ses besoins en énergie, en nourriture, eau, etc., et pour absorber les déchets ainsi générés, particulièrement les émissions de CO2, elles représentent presque 60% de l'empreinte écologique des Australiens. Si toute l'humanité prélevait autant de ressources que les Australiens, il faudrait plus de cinq planètes Terre pour satisfaire ses besoins. Pourtant ces dernières années des progrès ont été faits en Australie pour réduire cette empreinte écologique, par exemple dans certaines régions, les agriculteurs utilisent moins de pesticides. Mais le pays n'a toujours pas tranché sur la question de l'énergie. Depuis le début de l'année, le gouvernement libéral de Malcolm Turnbull défend vigoureusement le charbon contre les énergies renouvelables pour assurer la production d'électricité. En juillet, le premier ministre a estimé que ceux qui, je cite ont « peur du charbon délirent ». Caroline Lafargue, Melbourne, RFI.
FG RFI, il est 22 heures 10 à Paris, c'est la fin de ce journal en français facile.