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Les mots de l'actualité, ACTIVISTE   2010-06-04

ACTIVISTE 2010-06-04

Les activistes de la flottille. C'est le mot qui a été largement utilisé par la presse depuis hier, pour désigner ceux qui étaient sur les bateaux qui ont tenté de forcer le blocus de Gaza. Pas par toute la presse d'ailleurs, ce qui permet de relativiser l'emploi du mot, et de montrer à quoi correspond son emploi. Le mot semble se situer sur une échelle, où se succèdent des éléments selon une gradation un peu floue : activiste , serait plus fort que militant , et moins que terroriste . Pourquoi balancer entre ces deux termes ? Parce que les militants ne sortent pas forcément de la légalité : ils essaient de faire connaître, de faire valoir, de faire triompher leurs idées. Mais le mot n'implique absolument rien d'interdit ou d'illégal. Le mot terroriste, à l'inverse, évoque systématiquement une action violente. Non seulement cela, mais une action qui ne cible pas précisément ses victimes, et qui prend pour principe que des personnes dont la responsabilité personnelle n'est pas engagée pourront être touchées par les opérations mises en oeuvre. Est-ce entre ces deux pôles qu'on trouve l'activiste ? Il me semble : plus qu'un militant, l'activiste fait fi de la légalité. Il prend le risque de braver l'autorité et les interdits, parce que justement il ne reconnait pas le bien fondé de ces décisions, et bien souvent parce qu'il ne reconnaît pas la légitimité de ce pouvoir. Il sort donc de la légalité en prétendant rester dans la légitimité, que cette limite légale soit le fait de son propre pays, ou d'un autre. Alors qu'est-ce qui le distingue du terroriste ? C'est une question de degré ! Dans le cas qui nous occupe, il semble que le mot d'activiste ait été employé pour montrer qu'un cap n'était pas franchi : l'action de la flottille se voulait humanitaire : forcer le blocus pour amener des médicaments, des maisons en kit etc. Elle malmenait bien la règle israélienne, mais sans faire de victimes. De toute façon le flou relatif du mot s'explique aussi par l'aspect très composite de ceux qui participaient à ce mouvement : pacifistes, militants de gauche, islamistes et probablement quelques uns qui étaient favorables aux actions terroristes violentes ; pas facile de trouver un terme qui puisse rassembler tout ce monde-là ! Cela dit, le mot activiste n'est pas récent, et n'est pas si tendre que cela. En général il est même franchement péjoratif, il condamne ceux qu'il désigne. On peut donc dire qu'avec ces derniers emplois sa signification et ses échos ont changé, et que ce mot, sans être absolument positif s'est débarrassé de sa charge néfaste. Mais un coup d'oeil historique permet de voir ce qu'il porte avec lui. On l'utilise d'abord à propos des flamingants , ceux qui soutenaient l'usage de la langue flamande en Belgique pendant la Première guerre mondiale – ceux donc qui semblaient se ranger du côté de l'occupant allemand, puisque le flamand est une langue germanique. Mais la plus importante période pendant laquelle on a parlé d'activistes, c'était la guerre d'Algérie. Et les activistes étaient les partisans actifs de l'Algérie française, souvent engagés dans l'OAS, et parfois fort près du terrorisme. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.


ACTIVISTE   2010-06-04 ACTIVIST 2010-06-04

Les activistes de la flottille. C'est le mot qui a été largement utilisé par la presse depuis hier, pour désigner ceux qui étaient sur les bateaux qui ont tenté de forcer le blocus de Gaza. Pas par toute la presse d'ailleurs, ce qui permet de relativiser l'emploi du mot, et de montrer à quoi correspond son emploi. Le mot semble se situer sur une échelle, où se succèdent des éléments selon une gradation un peu floue : activiste , serait plus fort que militant , et moins que terroriste . Pourquoi balancer entre ces deux termes ? Parce que les militants ne sortent pas forcément de la légalité : ils essaient de faire connaître, de faire valoir, de faire triompher leurs idées. Mais le mot n'implique absolument rien d'interdit ou d'illégal. Le mot terroriste, à l'inverse, évoque systématiquement une action violente. Non seulement cela, mais une action qui ne cible pas précisément ses victimes, et qui prend pour principe que des personnes dont la responsabilité personnelle n'est pas engagée pourront être touchées par les opérations mises en oeuvre. Est-ce entre ces deux pôles qu'on trouve l'activiste ? Il me semble : plus qu'un militant, l'activiste fait fi de la légalité. Il prend le risque de braver l'autorité et les interdits, parce que justement il ne reconnait pas le bien fondé de ces décisions, et bien souvent parce qu'il ne reconnaît pas la légitimité de ce pouvoir. Il sort donc de la légalité en prétendant rester dans la légitimité, que cette limite légale soit le fait de son propre pays, ou d'un autre. Alors qu'est-ce qui le distingue du terroriste ? C'est une question de degré ! Dans le cas qui nous occupe, il semble que le mot d'activiste ait été employé pour montrer qu'un cap n'était pas franchi : l'action de la flottille se voulait humanitaire : forcer le blocus pour amener des médicaments, des maisons en kit etc. Elle malmenait bien la règle israélienne, mais sans faire de victimes. De toute façon le flou relatif du mot s'explique aussi par l'aspect très composite de ceux qui participaient à ce mouvement : pacifistes, militants de gauche, islamistes et probablement quelques uns qui étaient favorables aux actions terroristes violentes ; pas facile de trouver un terme qui puisse rassembler tout ce monde-là ! Cela dit, le mot activiste n'est pas récent, et n'est pas si tendre que cela. En général il est même franchement péjoratif, il condamne ceux qu'il désigne. On peut donc dire qu'avec ces derniers emplois sa signification et ses échos ont changé, et que ce mot, sans être absolument positif s'est débarrassé de sa charge néfaste. Mais un coup d'oeil historique permet de voir ce qu'il porte avec lui. On l'utilise d'abord à propos des flamingants , ceux qui soutenaient l'usage de la langue flamande en Belgique pendant la Première guerre mondiale – ceux donc qui semblaient se ranger du côté de l'occupant allemand, puisque le flamand est une langue germanique. Mais la plus importante période pendant laquelle on a parlé d'activistes, c'était la guerre d'Algérie. Et les activistes étaient les partisans actifs de l'Algérie française, souvent engagés dans l'OAS, et parfois fort près du terrorisme. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.