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Le Grand Meaulnes, Le Grand meaulnes - deuxième partie - chapitre 4

Le Grand meaulnes - deuxième partie - chapitre 4

L'après-midi ramena les mêmes plaisirs et, tout le long du cours, le même désordre et la même fraude. Le bohémien avait apporté d'autres objets précieux, coquillages, jeux, chansons et jusqu'à un petit singe qui griffait sourdement l'intérieur de sa gibecière... A chaque instant il fallait que M. Seurel s'interrompit pour examiner ce que le malin garçon venait de tirer de son sac... Quatre heures arrivèrent et Meaulnes était le seul à avoir fini ses problèmes. Ce fut sans hâte que tout le monde sortit. Il n'y avait plus, semblait-il, entre les heures de cours et de récréation, cette dure démarcation qui faisait la vie scolaire simple et réglée comme par la succession de la nuit et du jour. Nous en oubliâmes même de désigner comme d'ordinaire à M. Seurel, vers quatre heures moins dix, les deux élèves qui devaient rester pour balayer la classe. Or, nous n'y manquions jamais car c'était une façon d'annoncer et de hâter la sortie du cours. Le hasard voulut que ce fût ce jour-là te tour du grand Meaulnes; et dès le matin j'avais, en causant avec lui, averti le bohémien que les nouveaux étaient toujours désignés d'office pour faire le second balayeur, le jour de leur arrivée. Meaulnes revint en classe dès qu'il eut été chercher le pain de son goûter. Quant au bohémien, il se fit longtemps attendre et arriva le dernier, en courant, comme la nuit commençait de tomber... "Tu resteras dans la classe, m'avait dit mon compagnon, et pendant que je le tiendrai, tu lui reprendras le plan qu'il m'a volé". Je m'étais donc assis sur une petite table, auprès de la fenêtre, lisant à la dernière lueur du jour, et je les vis tous les deux déplacer en silence les bancs de l'école--le grand Meaulnes, taciturne et l'air dur, sa blouse noire boutonnée à trois boutons en arrière et sanglée à la ceinture; l'autre, délicat, nerveux, la tête bandée comme un blessé. Il était vêtu d'un mauvais paletot, avec des déchirures que je n'avais pas remarquées pendant le jour. Plein d'une ardeur presque sauvage, il soulevait et poussait les tables avec une précipitation folle, en souriant un peu. On eût dit qu'il jouait là quelque jeu extraordinaire dont nous ne connaissons pas le fin mot. Ils arrivèrent ainsi dans le coin le plus obscur de la salle, pour déplacer la dernière table. En cet endroit, d'un tour de main, Meaulnes pouvait renverser son adversaire, sans que personne du dehors eût chance de les apercevoir ou de les entendre par les fenêtres. Je ne comprenais pas qu'il laissât échapper une pareille occasion. L'autre, revenu près de la porte, allait s'enfuir d'un instant à l'autre, prétextant que la besogne était terminée, et nous ne le reverrions plus. Le plan et tous les renseignements que Meaulnes avait mis si longtemps à retrouver, à concilier, à réunir, seraient perdus pour nous... A chaque seconde j'attendais de mon camarade un signe, un mouvement, qui m'annonçât le début de la bataille, mais le grand garçon ne bronchait pas. Par instants, seulement, il regardait avec une fixité étrange et d'un air interrogatif le bandeau du bohémien, qui, dans la pénombre de la tombée de la nuit, paraissait largement taché de noir. La dernière table fut déplacée sans que rien n'arrivât. Mais au moment où, remontant tous les deux vers le haut de la classe, ils allaient donner sur le seuil un dernier coup de balai, Meaulnes, baissant la tête et sans regarder notre ennemi, dit à mi-voix: "Votre bandeau est rouge de sang et vos habits sont déchirés". L'autre le regarda un instant, non pas surpris de ce qu'il disait, mais profondément ému de le lui entendre dire. "Ils ont voulu, répondit-il, m'arracher votre plan tout à l'heure, sur la place. Quand ils ont su que je voulais revenir ici balayer la classe, ils ont compris que j'allais faire la paix avec vous, ils se sont révoltés contre moi. Mais je l'ai tout de même sauvé", ajouta-t-il fièrement, en tendant à Meaulnes le précieux papier plié. Meaulnes se tourna lentement vers moi: "Tu entends? dit-il. Il vient de se battre et de se faire blesser pour nous, tandis que nous lui tendions un piège! " Puis cessant d'employer ce "vous" insolite chez des écoliers de Sainte-Agathe: "Tu es un vrai camarade", dit-il, et il lui tendit la main. Le comédien la saisit et demeura sans parole une seconde, très troublé, la voix coupée... Mais bientôt avec une curiosité ardente il poursuivit: "Ainsi vous me tendiez un piège! Que c'est amusant! Je l'avais deviné et je me disais: ils vont être bien étonnés, quand m'ayant repris ce plan, ils s'apercevront que je l'ai complété... --Complété? --Oh! Attendez! Pas entièrement..." Quittant ce ton enjoué, il ajouta gravement et lentement, se rapprochant de nous: "Meaulnes, il est temps que je vous le dise: moi aussi je suis allé là où vous avez été. J'assistais à cette fête extraordinaire. J'ai bien pensé, quand les garçons du Cours m'ont parlé de votre aventure mystérieuse, qu'il s'agissait du vieux Domaine perdu. Pour m'en assurer je vous ai volé votre carte... Mais je suis comme vous: j'ignore le nom de ce château; je ne saurais pas y retourner; je ne connais pas en entier le chemin qui d'ici vous y conduirait". Avidement Meaulnes lui posait des questions... Il nous semblait à tous deux qu'en insistant ardemment auprès de notre nouvel ami, nous lui ferions dire cela même qu'il prétendait ne pas savoir. "Vous verrez, vous verrez, répondait le jeune garçon avec un peu d'ennui et d'embarras, je vous ai mis sur le plan quelques indications que vous n'aviez pas... C'est tout ce que je pouvais faire". Puis, nous voyant plein d'admiration et d'enthousiasme: "Oh! dit-il tristement et fièrement, je préfère vous avertir: je ne suis pas un garçon comme les autres. Il y a trois mois, j'ai voulu me tirer une balle dans la tête et c'est ce qui vous explique ce bandeau sur le front, comme un mobile de la Seine, en 1870... --Et ce soir, en vous battant, la plaie s'est rouverte", dit Meaulnes avec amitié. Mais l'autre, sans y prendre garde, poursuivit d'un ton légèrement emphatique: --Je voulais mourir. Et puisque je n'ai pas réussi, je ne continuerai à vivre que pour l'amusement, comme un enfant, comme un bohémien. J'ai tout abandonné. Je n'ai plus ni père, ni soeur, ni maison, ni amour... Plus rien, que des compagnons de jeux. --Ces compagnons-là vous ont déjà trahi, dis-je. --Oui, répondit-il avec animation. C'est la faute d'un certain Delouche. Il a deviné que j'allais faire cause commune avec vous. Il a démoralisé ma troupe qui était si bien en main. Vous avez vu cet abordage, hier au soir, comme c'était conduit, comme ça marchait! Depuis mon enfance, je n'avais rien organisé d'aussi réussi..." Il resta songeur un instant, et il ajouta pour nous désabuser tout à fait sur son compte: "Si je suis venu vers vous deux, ce soir, c'est que--je m'en suis aperçu ce matin--il y a plus de plaisir à prendre avec vous qu'avec la bande de tous les autres. C'est ce Delouche surtout qui me déplaît. Quelle idée de faire l'homme à dix-sept ans! Rien ne me dégoûte davantage... Pensez-vous que nous puissions le repincer? --Certes, dit Meaulnes. Mais resterez-vous longtemps avec nous? --Je ne sais. Je le voudrais beaucoup. Je suis terriblement seul. Je n'ai que Ganache..." Toute sa fièvre, tout son enjouement étaient tombés soudain. Un instant, il plongea dans ce même désespoir où sans doute, un jour, l'idée de se tuer l'avait surpris. "Soyez mes amis, dit-il soudain. Voyez: je connais votre secret et je l'ai défendu contre tous. Je puis vous remettre sur la trace que vous avez perdue..." Et il ajouta presque solennellement: "Soyez mes amis pour le jour où je serais encore à deux doigts de l'enfer comme une fois déjà... Jurez-moi que vous répondrez quand je vous appellerai--quand je vous appellerai ainsi... (et il poussa une sorte de cri étrange: Hou-ou!...) Vous, Meaulnes, jurez d'abord! " Et nous jurâmes, car, enfants que nous étions, tout ce qui était plus solennel et plus sérieux que nature nous séduisait. "En retour, dit-il, voici maintenant tout ce que je puis vous dire: je vous indiquerai la maison de Paris où la jeune fille du château avait l'habitude de passer les fêtes: Pâques et la Pentecôte, le mois de juin et quelquefois une partie de l'hiver". A ce moment une voix inconnue appela du grand portail, à plusieurs reprises, dans la nuit. Nous devinâmes que c'était Ganache, le bohémien, qui n'osait pas ou ne savait comment traverser la cour. D'une voix pressante, anxieuse, il appelait tantôt très haut, tantôt presque bas: "Hou-ou! Hou-ou! -Dites! Dites vite!" cria Meaulnes au jeune bohémien qui avait tressailli et qui rajustait ses habits pour partir. Le jeune garçon nous donna rapidement une adresse à Paris, que nous répétâmes à mi-voix. Puis il courut, dans l'ombre, rejoindre son compagnon à la grille, nous laissant dans un état de trouble inexprimable.

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Le Grand meaulnes - deuxième partie - chapitre 4 |||second|| Le Grand meaulnes - zweiter Teil - Kapitel 4 Le Grand meaulnes - part two - chapter 4 Le Grand meaulnes - seconda parte - capitolo 4 Le Grand meaulnes - 第二部分 - 第 4 章

L'après-midi ramena les mêmes plaisirs et, tout le long du cours, le même désordre et la même fraude. ||brought||||||||||||||||fraud The afternoon brought back the same pleasures and, all along the course, the same disorder and the same fraud. Le bohémien avait apporté d'autres objets précieux, coquillages, jeux, chansons et jusqu'à un petit singe qui griffait sourdement l'intérieur de sa gibecière... A chaque instant il fallait que M. Seurel s'interrompit pour examiner ce que le malin garçon venait de tirer de son sac... Quatre heures arrivèrent et Meaulnes était le seul à avoir fini ses problèmes. |||||||shells|||||||||scratched|silently||||game bag|||||||||||||||clever|||||||||||||||||||| The gypsy had brought other precious objects, shells, games, songs and even a little monkey who was clawing the inside of his game bag ... Every moment it was necessary for Mr. Seurel to stop and examine what the evil boy had just pulled out of his bag ... Four o'clock arrived and Meaulnes was the only one to have finished his problems. Ce fut sans hâte que tout le monde sortit. It was no hurry that everyone went out. Il n'y avait plus, semblait-il, entre les heures de cours et de récréation, cette dure démarcation qui faisait la vie scolaire simple et réglée comme par la succession de la nuit et du jour. ||||||||||||||||demarcation||||||||regulated|||||||||| There was no longer, it seemed, between the hours of school and recreation, this hard demarcation which made school life simple and regulated as by the succession of night and day. Nous en oubliâmes même de désigner comme d'ordinaire à M. Seurel, vers quatre heures moins dix, les deux élèves qui devaient rester pour balayer la classe. ||forgot|||||||||||||||||||||sweep|| We forgot to mention as usual to M. Seurel, about four minutes to ten, the two pupils who were to remain to sweep the class. Or, nous n'y manquions jamais car c'était une façon d'annoncer et de hâter la sortie du cours. |||were|||||||||hasten|||| But we never missed it because it was a way to announce and hasten the exit of the course. Le hasard voulut que ce fût ce jour-là te tour du grand Meaulnes; et dès le matin j'avais, en causant avec lui, averti le bohémien que les nouveaux étaient toujours désignés d'office pour faire le second balayeur, le jour de leur arrivée. ||||||||||turn||||||||||causing|||||||||||||||||cleaner||||| |||||||||||||||||||||||||||||||||||||barrer||||| Chance wanted it to be on this day the turn of the great Meaulnes; and in the morning I had, talking with him, warned the gypsy that the new ones were always appointed to make the second sweeper on the day of their arrival. Meaulnes revint en classe dès qu'il eut été chercher le pain de son goûter. |returned|||||had||fetch||bread|||snack Meaulnes returned to class as soon as he had been fetching the bread from his afternoon tea. Quant au bohémien, il se fit longtemps attendre et arriva le dernier, en courant, comme la nuit commençait de tomber... "Tu resteras dans la classe, m'avait dit mon compagnon, et pendant que je le tiendrai, tu lui reprendras le plan qu'il m'a volé". As for||||||||||||||||||||||||||||||||||will hold|||will take||||| As for the gypsy, he waited for a long time and arrived the last, running, as the night began to fall ... "You will stay in the class, my companion told me, and while I hold it, you will take him back the plan he stole from me ". Je m'étais donc assis sur une petite table, auprès de la fenêtre, lisant à la dernière lueur du jour, et je les vis tous les deux déplacer en silence les bancs de l'école--le grand Meaulnes, taciturne et l'air dur, sa blouse noire boutonnée à trois boutons en arrière et sanglée à la ceinture; l'autre, délicat, nerveux, la tête bandée comme un blessé. |||sat||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||buttoned|||buttons||||strapped|||belt||||||||| So I sat on a small table, by the window, reading at the last light of day, and I saw them both moving in silence the school benches - the great Meaulnes, taciturn and the his hard, black blouse buttoned with three buttons back and strapped to the waist; the other, delicate, nervous, his head bandaged like a wounded man. Il était vêtu d'un mauvais paletot, avec des déchirures que je n'avais pas remarquées pendant le jour. ||||||||tears|||||||| He was dressed in a bad coat, with tears that I had not noticed during the day. Plein d'une ardeur presque sauvage, il soulevait et poussait les tables avec une précipitation folle, en souriant un peu. |||||||||||||precipitation||||| Full of an almost wild ardor, he raised and pushed the tables with a mad rush, smiling a little. On eût dit qu'il jouait là quelque jeu extraordinaire dont nous ne connaissons pas le fin mot. |||||||||||||||end| It seemed as though he was playing some extraordinary game whose end we do not know. Ils arrivèrent ainsi dans le coin le plus obscur de la salle, pour déplacer la dernière table. They arrived in the darkest corner of the room to move the last table. En cet endroit, d'un tour de main, Meaulnes pouvait renverser son adversaire, sans que personne du dehors eût chance de les apercevoir ou de les entendre par les fenêtres. ||||turn|||||overturn||||||||||||||||||| In this spot, Meaulnes could turn his adversary around without anybody else being able to see them or hear them through the windows. Je ne comprenais pas qu'il laissât échapper une pareille occasion. |||||let|||such| I did not understand that he was going to miss such an opportunity. L'autre, revenu près de la porte, allait s'enfuir d'un instant à l'autre, prétextant que la besogne était terminée, et nous ne le reverrions plus. ||||||||||||pretexting|||task|||||||wouldn't see| The other, coming back to the door, was about to run from one moment to the next, pretending that the work was over, and we would not see him again. Le plan et tous les renseignements que Meaulnes avait mis si longtemps à retrouver, à concilier, à réunir, seraient perdus pour nous... A chaque seconde j'attendais de mon camarade un signe, un mouvement, qui m'annonçât le début de la bataille, mais le grand garçon ne bronchait pas. |||||information||||||||||reconcile|||would be||||||||||||||||would announce|||||||||||didn't budge| The plan and all the information that Meaulnes had so long to retrieve, to reconcile, to reunite, would be lost for us ... Every second I expected from my comrade a sign, a movement, which announced to me the beginning of the battle, but the big boy did not flinch. Par instants, seulement, il regardait avec une fixité étrange et d'un air interrogatif le bandeau du bohémien, qui, dans la pénombre de la tombée de la nuit, paraissait largement taché de noir. |||||||fixity|||||||band|||||||||||||||t stained|| At times, only, he gazed with a strange fixedness and a questioning look at the bohemian's headband, which, in the darkness of the dusk, seemed largely stained with black. La dernière table fut déplacée sans que rien n'arrivât. ||||||||arrived The last table was moved without anything happening. Mais au moment où, remontant tous les deux vers le haut de la classe, ils allaient donner sur le seuil un dernier coup de balai, Meaulnes, baissant la tête et sans regarder notre ennemi, dit à mi-voix: "Votre bandeau est rouge de sang et vos habits sont déchirés". |||||||||||||||||||threshold|||||broom|||||||||||||||bandage|||||||||torn ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||rasgados But just as they were both going up to the top of the classroom, they were going to give one last sweep of the broom, Meaulnes, bowing her head and looking at our enemy, said in a low voice, "Your headband is red. blood and your clothes are torn. " L'autre le regarda un instant, non pas surpris de ce qu'il disait, mais profondément ému de le lui entendre dire. ||||||||||||||moved|||him|hear| The other looked at him for a moment, not surprised by what he was saying, but deeply moved to hear him say it. "Ils ont voulu, répondit-il, m'arracher votre plan tout à l'heure, sur la place. |||||tear away|||||||| "They tried to, he replied, to tear your plan from me just now, in the square. Quand ils ont su que je voulais revenir ici balayer la classe, ils ont compris que j'allais faire la paix avec vous, ils se sont révoltés contre moi. |||||||||sweep|||||||||||||||||| When they found out that I wanted to come back here to clear the class, they understood that I was going to make peace with you, they revolted against me. Mais je l'ai tout de même sauvé", ajouta-t-il fièrement, en tendant à Meaulnes le précieux papier plié. ||||||||||||||||||folded But I still saved it, "he added proudly, handing Meaulnes the precious folded paper. Meaulnes se tourna lentement vers moi: "Tu entends? Meaulnes turned slowly to me: "Do you hear? dit-il. he said. Il vient de se battre et de se faire blesser pour nous, tandis que nous lui tendions un piège! " ||||||||||||||||were setting||trap He just fought and got hurt for us while we handed him a trap! " Puis cessant d'employer ce "vous" insolite chez des écoliers de Sainte-Agathe: "Tu es un vrai camarade", dit-il, et il lui tendit la main. |ceasing||||unusual|||schoolchildren|||||||||||||||| Then, ceasing to use this unusual "you" in the schoolchildren of St. Agatha: "You are a real comrade," he said, and he held out his hand. Le comédien la saisit et demeura sans parole une seconde, très troublé, la voix coupée... Mais bientôt avec une curiosité ardente il poursuivit: "Ainsi vous me tendiez un piège! |||||remained||||||||||||||||||Thus|||were tending|| The comedian seized her and remained speechless for a second, very much troubled, her voice cut off... But soon, with ardent curiosity, he continued: "So you laid a trap for me! Que c'est amusant! How funny! Je l'avais deviné et je me disais: ils vont être bien étonnés, quand m'ayant repris ce plan, ils s'apercevront que je l'ai complété... --Complété? |||||||||||||having|||||will realize||||completed| I had guessed it and I said to myself: they will be very surprised, when having taken again this plan, they will realize that I completed it ... --Completed? --Oh! --Oh! Attendez! Just a moment! Pas entièrement..." Quittant ce ton enjoué, il ajouta gravement et lentement, se rapprochant de nous: "Meaulnes, il est temps que je vous le dise: moi aussi je suis allé là où vous avez été. |||||playful|||||||approaching|||||||||||tell|||||||||| Not entirely ... "Leaving this playful tone, he added gravely and slowly, getting closer to us:" Meaulnes, it's time for me to tell you: I too went where you were. J'assistais à cette fête extraordinaire. I attended|||| I was attending this extraordinary party. J'ai bien pensé, quand les garçons du Cours m'ont parlé de votre aventure mystérieuse, qu'il s'agissait du vieux Domaine perdu. I thought, when the boys of the Course told me about your mysterious adventure, that it was the old Lost Domain. Pour m'en assurer je vous ai volé votre carte... Mais je suis comme vous: j'ignore le nom de ce château; je ne saurais pas y retourner; je ne connais pas en entier le chemin qui d'ici vous y conduirait". ||||||||||||||||||||||wouldn't|||||||||entire|||||||would lead To make sure I stole your card ... But I'm like you: I do not know the name of this castle; I can not go back there; I do not know in full the path that from here would lead you there ". Avidement Meaulnes lui posait des questions... Il nous semblait à tous deux qu'en insistant ardemment auprès de notre nouvel ami, nous lui ferions dire cela même qu'il prétendait ne pas savoir. ||||||||||||||||||||||would make|||||||| Avidly Meaulnes asked him questions ... It seemed to us both that by urging our new friend, we would make him say that he claimed not to know. "Vous verrez, vous verrez, répondait le jeune garçon avec un peu d'ennui et d'embarras, je vous ai mis sur le plan quelques indications que vous n'aviez pas... C'est tout ce que je pouvais faire". |||||||||||||||||||||||||had|||||||could| "You will see, you will see, answered the boy with a little boredom and embarrassment, I put on the map some indications that you did not ... It's all I could do" . Puis, nous voyant plein d'admiration et d'enthousiasme: "Oh! ||seeing||||| Then, seeing us full of admiration and enthusiasm: "Oh! dit-il tristement et fièrement, je préfère vous avertir: je ne suis pas un garçon comme les autres. he says sadly and proudly, I prefer to warn you: I am not a boy like the others. Il y a trois mois, j'ai voulu me tirer une balle dans la tête et c'est ce qui vous explique ce bandeau sur le front, comme un mobile de la Seine, en 1870... --Et ce soir, en vous battant, la plaie s'est rouverte", dit Meaulnes avec amitié. |||||||||||||||||||||||||||motive||||||||||||wound||reopened|||| Three months ago, I wanted to shoot myself in the head and that's what explains you this bandeau on the front, like a mobile of the Seine, in 1870 ... - And tonight, in you're beating, the wound has reopened, "said Meaulnes with friendship. Mais l'autre, sans y prendre garde, poursuivit d'un ton légèrement emphatique: --Je voulais mourir. ||||||||||emphatic||| But the other, without being aware of it, continued in a slightly emphatic tone: "I wanted to die. Et puisque je n'ai pas réussi, je ne continuerai à vivre que pour l'amusement, comme un enfant, comme un bohémien. ||||||||will||||||||||| And since I have not succeeded, I will continue to live only for fun, like a child, like a gypsy. J'ai tout abandonné. I gave up everything. Je n'ai plus ni père, ni soeur, ni maison, ni amour... Plus rien, que des compagnons de jeux. I have no father, no sister, no house, no love ... Nothing, nothing but playmates. --Ces compagnons-là vous ont déjà trahi, dis-je. "Those companions have already betrayed you," I said. --Oui, répondit-il avec animation. "Yes," he answered animatedly. C'est la faute d'un certain Delouche. It's the fault of a certain Delouche. Il a deviné que j'allais faire cause commune avec vous. He guessed that I was going to make common cause with you. Il a démoralisé ma troupe qui était si bien en main. He demoralized my troop which was so well in hand. Vous avez vu cet abordage, hier au soir, comme c'était conduit, comme ça marchait! ||||boarding||||||||| You saw that collision yesterday evening, as it was driven, how it worked! Depuis mon enfance, je n'avais rien organisé d'aussi réussi..." Il resta songeur un instant, et il ajouta pour nous désabuser tout à fait sur son compte: "Si je suis venu vers vous deux, ce soir, c'est que--je m'en suis aperçu ce matin--il y a plus de plaisir à prendre avec vous qu'avec la bande de tous les autres. |||||||||||thoughtful||||||||disillusion||||||account|||||||||||||||||||||||||||||||||| Since my childhood, I had not organized anything so successful ... "He remained pensive for a moment, and he added to disabuse us completely:" If I came to you two, tonight, c is that - I realized it this morning - there is more pleasure to take with you than with the band of all the others. C'est ce Delouche surtout qui me déplaît. ||||||displeases It is this Delouche especially that displeases me. Quelle idée de faire l'homme à dix-sept ans! What an idea to make the man at seventeen! Rien ne me dégoûte davantage... Pensez-vous que nous puissions le repincer? |||disgusts||||||can||re-pin Nothing disgusts me more ... Do you think we can repel it? --Certes, dit Meaulnes. "Certes," said Meaulnes. Mais resterez-vous longtemps avec nous? But will you stay with us for a long time? --Je ne sais. --I don't know. Je le voudrais beaucoup. I would very much like it. Je suis terriblement seul. I am terribly alone. Je n'ai que Ganache..." Toute sa fièvre, tout son enjouement étaient tombés soudain. |||Ganache|||fever|||cheerfulness||| I only have Ganache ... "All her fever, all her playfulness had suddenly fallen. Un instant, il plongea dans ce même désespoir où sans doute, un jour, l'idée de se tuer l'avait surpris. For a moment, he plunged into the same despair in which, one day, the idea of killing himself had no doubt surprised him. "Soyez mes amis, dit-il soudain. Be||||| "Be my friends," he said suddenly. Voyez: je connais votre secret et je l'ai défendu contre tous. See: I know your secret and I have defended it against everyone. Je puis vous remettre sur la trace que vous avez perdue..." Et il ajouta presque solennellement: "Soyez mes amis pour le jour où je serais encore à deux doigts de l'enfer comme une fois déjà... Jurez-moi que vous répondrez quand je vous appellerai--quand je vous appellerai ainsi... (et il poussa une sorte de cri étrange: Hou-ou!...) ||||||||||||||||||||||||would|||||||||||||||respond||||||||||||||||||Hoo| I can put you back on the trace that you lost ... "And he added almost solemnly:" Be my friends for the day when I'm still on the verge of hell like once already ... Swear to me that you will answer when I call you - when I call you so ... (and he uttered a kind of strange cry: Hoo-or! ...) Vous, Meaulnes, jurez d'abord! " You, Meaulnes, swear first! " Et nous jurâmes, car, enfants que nous étions, tout ce qui était plus solennel et plus sérieux que nature nous séduisait. ||swore||||||||||||||||||seduced And we swore, for as children we were, everything that was more solemn and more serious than nature seduced us. "En retour, dit-il, voici maintenant tout ce que je puis vous dire: je vous indiquerai la maison de Paris où la jeune fille du château avait l'habitude de passer les fêtes: Pâques et la Pentecôte, le mois de juin et quelquefois une partie de l'hiver". |||||||||||||||will indicate||||Paris||||||||||||||||Pentecost|||||||||| "In return," said he, "here is all I can say to you: I will show you the house of Paris where the girl of the castle used to spend the holidays: Easter and Pentecost, the month of June and sometimes part of the winter ". A ce moment une voix inconnue appela du grand portail, à plusieurs reprises, dans la nuit. |||||||||portal|||repeatedly||| At that moment an unknown voice called from the great portal several times in the night. Nous devinâmes que c'était Ganache, le bohémien, qui n'osait pas ou ne savait comment traverser la cour. |guessed|||Ganache|||||||||||| We guessed it was Ganache, the gypsy, who did not dare or knew how to cross the courtyard. D'une voix pressante, anxieuse, il appelait tantôt très haut, tantôt presque bas: "Hou-ou! ||pressing||||now|||now|||Hoo| In an urgent, anxious voice, he sometimes called very high, sometimes almost low: "Hou-ou! Hou-ou! Wow| Hou-ou! -Dites! -Say it! Dites vite!" Say it fast!" cria Meaulnes au jeune bohémien qui avait tressailli et qui rajustait ses habits pour partir. |||||||started|||readjusted|||| cried Meaulnes to the young gypsy who had flinched and was adjusting his clothes to leave. Le jeune garçon nous donna rapidement une adresse à Paris, que nous répétâmes à mi-voix. |||||||address|||||repeated||| The boy quickly gave us an address in Paris, which we repeated in a low voice. Puis il courut, dans l'ombre, rejoindre son compagnon à la grille, nous laissant dans un état de trouble inexprimable. ||||||||||grid|||||||trouble|inexprimable Then he ran, in the shadow, to join his companion at the gate, leaving us in a state of inexpressible trouble.