Journal en français facile 31/08/2021 20h00 GMT
Vous écoutez RFI, il est 22H00 à Paris, minuit à Kaboul.
Clémentine Pawlotsky : Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile, présenté ce soir avec Sylvie Berruet. Bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Clémentine, bonsoir à tous.
CP : Dans l'actualité de ce 31 août, l'Afghanistan. Les talibans célèbrent le départ des États-Unis. Après 20 ans de guerre, des milliers de personnes n'ont pas pu être évacuées, dont certains Américains. Le président Joe Biden est actuellement en train de s'exprimer.
SB : La crise économique et monétaire s'aggrave au Sri Lanka. Les banques ne peuvent plus financer les importations. Le gouvernement a décrété l'état d'urgence alimentaire.
CP : Et en Indonésie, un squelette de femme préhistorique a été découvert. Il s'agit d'une adolescente de moins de 18 ans qui a vécu il y a 7 200 ans.
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SB : Le président des États-Unis s'adresse aux Américains.
CP : Joe Biden tient, en ce moment même, un discours. Il salue « l'extraordinaire succès » de la mission d'évacuation des Américains en Afghanistan. Joe Biden assure que les États-Unis restent déterminés à faire sortir du pays tous les citoyens américains qui le désirent. Les derniers soldats américains ont quitté le pays hier soir, avec 24 heures d'avance. Ils ont combattu les talibans pendant 20 ans dans le pays. En partant, les Américains ont détruit leurs avions, leurs véhicules et leurs défenses aériennes. Mais des milliers de personnes n'ont pas pu être évacuées dont des Américains. Explications de Véronique Gaymard.
C'est un départ douloureux, a reconnu le chef du commandement central car plus d'une centaine d'Américains n'ont pas encore pu être évacués, ainsi que des milliers d'Afghans en danger, qui font part de leur désarroi et de leur sentiment d'abandon sur les réseaux sociaux, ce mardi. En revanche, le principal porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a adressé ses félicitations depuis l'aéroport de Kaboul sous leur contrôle où ses unités ont paradé : « Le pays est désormais indépendant et la victoire nous appartient à tous. » « La défaite américaine est une grande leçon pour d'autres envahisseurs », a-t-il prévenu. Selon lui, les talibans souhaitent de bonnes relations diplomatiques avec les États-Unis. Mais pour le secrétaire d'État Américain Antony Blinken, « toute légitimité et tout soutien doivent se mériter ». La présence diplomatique américaine a été transférée au Qatar, pays dorénavant pivot pour les discussions sur l'avenir des relations avec les talibans. Pour les talibans, les défis sont désormais immenses : gagner la confiance de la population qui doute sérieusement de leurs bonnes intentions ; construire un État confronté à une catastrophe humanitaire et économique majeure, isolés diplomatiquement et menacés par le groupe État islamique au Khorasan, la branche radicale qui a revendiqué l'attentat meurtrier jeudi devant l'aéroport de Kaboul et les tirs de roquette.
CP : Et justement, au sujet du terrorisme, le discours de Joe Biden se poursuit. Le président américain prévient le groupe État islamique au Khorasan, que les États-Unis n'en ont pas fini avec lui, après l'attentat qui a tué une centaine d'Afghans, 13 militaires américains et deux Britanniques près de l'aéroport de Kaboul, la semaine dernière.
Le Qatar, de son côté, demande aux talibans de s'engager dans la lutte contre le terrorisme. Le pays demande aussi aux talibans de former un gouvernement inclusif. Le Qatar avait déjà joué le rôle de médiateur dans le processus de paix entre le gouvernement afghan et les talibans avant leur retour au pouvoir. Les Talibans ont d'ailleurs fêté le départ des Américains, par des tirs. Ce sont eux qui dirigent désormais le pays. Mais au fait, qui sont-ils ? Nicolas Falez nous explique tout.
Leur nom vient du mot qui signifie « étudiant » car c'est dans les écoles coraniques pakistanaises que des Afghans de l'ethnie pashtoune ont formé ce mouvement politico-religieux fondamentaliste. Les talibans prennent une première fois le pouvoir en 1996. Le pays devient un repaire jihadiste d'où al-Qaïda organise les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Une intervention militaire américaine les chasse alors du pouvoir, mais ne parviendra jamais à éteindre l'insurrection talibane. Et c'est ce chapitre de 20 années qui vient de se refermer avec le départ des Occidentaux. Les talibans qui triomphent aujourd'hui sont dirigés par le mollah Hibatullah Akhundzada dont les talibans disent qu'il apparaitra bientôt en public. Ces derniers jours, c'est le co-fondateur du mouvement, le mollah Baradar qui a fait son retour au pays. Les talibans de 2021 disent avoir changé. Ils ont négocié et conclu un accord avec Washington. Ils assurent que leur gestion du pouvoir sera moins brutale que dans les années 1990. Ils entretiennent ou développent des liens avec le Pakistan, le Qatar, l'Iran, la Chine ou encore la Russie. Et les voici désormais confrontés au défi de la reconstruction d'un État.
SB : Des rebelles tigréens ont pillé de l'aide humanitaire dans le nord de l'Éthiopie.
CP : Oui, notamment dans la région de l'Amhara. L'annonce de ces pillages a été faite par le chef de l'USAID dans le pays. L'USAID, c'est l'Agence américaine de l'aide internationale.
Au Sri Lanka, les autorités ont déclaré l'état d'urgence alimentaire. Le pays fait face à une pénurie, un manque, de devises. Résultat, les banques privées ne sont plus capables de financer les importations de produits. Altin Lazaj.
Les biens de consommation courantes deviennent rare au Sri Lanka, par conséquent leurs prix augmentent fortement. Une situation qui pousse le gouvernement à prendre des mesures pour empêcher la thésaurisation d'aliments essentiels comme le riz et le sucre. Ainsi des sanctions vont être prises contre ceux qui stockent des denrées alimentaires. Ces pénuries interviennent à un moment où le Covid-19 frappe de plein fouet le pays. Le Sri Lanka souffre notamment de la chute du tourisme, un secteur traditionnellement très important pour son économie. Conséquence : le pays est privé de devises étrangères nécessaires pour les importations des biens de consommations. Ses réserves de changes ont chuté de presque 65% depuis novembre 2019. Afin de consacrer les devises à l'achat de médicaments et de vaccins, le gouvernement a interdit l'importation de plusieurs produits non essentiels comme les véhicules ou encore le curcuma une épice très utilisée dans la cuisine locale.
SB : L'Estonie a un nouveau président.
CP : Il s'appelle Alar Karis. Il est biologiste de formation, il a travaillé comme commissaire des comptes, il était directeur du musée national estonien depuis 2017. Il était le seul candidat à l'élection. Il a donc été désigné aujourd'hui par le Parlement et deviendra le 5e président du pays depuis la fin de l'Union soviétique. Il succèdera officiellement à la présidente Kersti Kaljulaid à partir du 11 octobre.
SB : La Cour européenne des droits de l'Homme a condamné la Russie.
CP : La juridiction reproche à Moscou de ne pas avoir mené d'enquête appropriée sur l'assassinat de la militante Natalia Estemirova. Elle avait dénoncé des crimes présumés, commis par des membres des forces de l'ordre en Tchétchénie. Son corps avait été retrouvé criblé de balles, criblé cela signifie percé par les impacts de balles. La Cour européenne des droits de l'Homme n'a, en revanche, pas pu déterminer si l'État russe était impliqué ou non dans cet assassinat.
SB : Un nouveau drame de la migration en mer méditerranée.
CP : Environ 30 migrants originaires d'Afrique subsaharienne ont disparu alors qu'ils tentaient de rejoindre l'archipel espagnol des Canaries. 32 autres ont pu être secourus, c'est ce qu'indiquent les sauveteurs espagnols. Une personne est également morte durant la traversée.
SB : Un squelette vieux de 7 200 ans a été découvert en Indonésie.
CP : Ce squelette est celui d'une adolescente de moins de 18 ans. Cette découverte révolutionne la science et toutes les théories sur les premiers habitants de cette région du monde. Le squelette a été découvert sur l'île indonésienne de Célèbes. Gabrielle Maréchaux.
C'est dans une grotte reculée miraculeusement préservée de la moiteur tropicale que l'équipe de l'archéologue Akin Duli a découvert ce squelette porteur de beaucoup d'espoirs scientifiques, à qui ils ont donné un nom de princesse : Bessé. « Cette découverte a permis de confirmer l'hypothèse d'une vie préhistorique unique sur l'île de Célèbes, dont on avait déjà eu une manifestation avec la découverte des plus vieilles peintures figuratives au monde qui date d'au moins 45 000 ans. Mais jusque-là, il était difficile de dire quel genre d'homme peuplait l'île. Grâce au squelette de Bessé, nous avons pu analyser son ADN, et découvrir qu'elle en partageait une bonne moitié avec les ancêtres des aborigènes d'Australie et des Papous et qu'elle appartenait au groupe humain des toaliens. » Mais une moitié seulement, et c'est là tout le mystère de cette découverte. Le génome de Bessé a également fait apparaitre un lignage inconnu en provenance d'Asie continentale qui ne ressemble à aucun autre : « Sur l'île, on me demande si c'était notre ancêtre. Et pas vraiment, l'ADN de Bessé est plus similaire avec les peuples papous. Mais il faudrait quand même faire des recherches supplémentaires car il y a eu beaucoup de brassage sur l'île, il se pourrait donc que certains habitants aient en partie hérité de son ADN. » Sans livrer tous ses secrets, Bessé a donc au final relancé de nombreuses questions encore sans réponses : pourquoi les toaliens ont disparu ? Pouvait-il naviguer ? Serait-il à l'origine de l'introduction de certains animaux comme le dingo en Océanie ? Seules de prochaines découvertes pourraient permettre d'éclaircir leur histoire. Gabrielle Maréchaux, Kuala Lumpur, RFI.
CP : RFI, 22H10 à Paris.